Amaya Renaudin : "Accompagner par les livres les enfants qui s’indignent"
Amaya Renaudin a rejoint l’incubateur d’ALCA avec un projet précis : créer une maison d’édition jeunesse, autour de grandes questions de société, nourries par les réflexions de jeunes enfants et réunies dans des albums illustrées. Les éditions Athizes sont nées et les premiers titres sont déjà en cours de publication.
Où les éditions Athizes trouvent-elles leurs origines ?
Après une formation initiale à l’école Estienne, ma carrière professionnelle a débuté dans l’édition. J’ai bifurqué dans la communication, mais une chose m’est toujours restée en tête : je retournerai dans l’édition. J’ai réalisé un bilan de compétences pendant lequel j’ai réfléchi à la suite de ma vie professionnelle. Où avais-je envie d’aller ? Là, le désir de créer une maison d’édition est venu comme une évidence, avec, au-delà de l’envie de créer une structure, l’envie d’agir et d’accompagner par les livres, les enfants qui s’indignent. Ceux qui trouvent que la vie n’est pas juste. Il y a un côté très enfantin, évidemment, dans les réflexions des enfants. Mais ces mêmes réflexions sont souvent très fortes, elles nous ramènent à notre essence et peuvent nous bousculer. Le sens de ce qui est juste ou non chez les enfants est très vrai et souvent très profond. En écoutant le récit de mes quatre enfants, de leurs combats, de leurs propres indignations et désirs d’un monde dans lequel ils ont envie de vivre, c’était pour moi une évidence que de créer cette maison, jeune, humaniste, qui accompagne leurs droits et devoirs.
Quel a alors été le rôle d’ALCA et de l’incubateur dans votre projet, et où en êtes-vous de son avancement ?
Mon premier titre est sorti en librairie le 17 novembre 2023. Et six titres sont prévus entre la fin 2023 et le début 2024. J’ai un diffuseur/distributeur, tout est structuré et bien mis en place. Je travaille sur les titres de 2025 ; en fait, j’ai intégré l’incubateur avec un projet déjà très travaillé. Ce projet ce sont des albums illustrés, des documentaires, des albums, de l’histoire classique, tous d’un même format machine. On évite ainsi de gâcher du papier et on imprime en amalgame pour diminuer les coûts et les transports.
En me renseignant sur les différentes formations dans l’édition, je suis tombée sur ce que proposait ALCA. Je montais ma structure seule, alors j’avais besoin d’un partage d’expérience, d’un soutien. C’est toujours très intéressant d’être accompagné sur un projet complexe. Il y a un vrai parcours de réflexion autour de nos projets, qui ne sont pas de décisions prises à la légère. J’ai pu découvrir certains domaines, et je vois l’incubateur comme une émulation : confronter et faire évoluer le projet avec le regard des autres, trouver les bons mots pour expliquer son projet... C’est arrivé au bon moment. Je savais déjà ce que j’avais envie de faire de ma structure, la partie éditoriale était calée, les premiers auteurs et autrices avaient été contactés.
Comment voyez-vous le futur des éditions Athizes ?
Je l’espère florissant ! Mais j’ai conscience que ce ne sera pas simple, que la bonne santé financière n’est pas pour tout de suite ni acquise. Pour l’instant, je me dis "Voyons à 3 ans, 5 ans, si à 5 ans je n’ai pas la capacité de me verser un salaire, c’est que ce n’est pas possible et que ça ne fonctionnera pas." Sur le papier, une maison d’édition fait rêver, mais ça reste une entreprise comme une autre, avec ses difficultés au démarrage. On n’est pas qu’éditeur, on est aussi chef d’entreprise. Il faut avoir ce regard extérieur sur l’entreprise qu’on est en train de créer. Ce qu’il faut, c’est être solide, et savoir que c’est difficile. On risque de fournir du travail sans en tirer le succès.
Propos recueillis par Flora Ghedjati Reigneau