Victor Pérot : "Il y a une forme pédagogique très forte dans notre projet"
Victor Pérot, aussi connu sous le nom de Ruppert Tellac, est un illustrateur angoumoisin, un des membres de la promotion 2022-2023 de l’incubateur d’ALCA. Son projet en quelques mots ? La bande dessinée à deux voix.
Parlez-nous des fondements de votre projet et de son modèle économique.
Mon projet trouve ses origines en 2016. Avec Aloïs Vanderf, un de mes amis, nous avions comme idée de monter une association autour du concept de "BD à deux". Ensemble aux Beaux-Arts, un de nos centres d’intérêt était la bande dessinée, et l’envie de lire à tour de rôle une BD tout juste parue en librairie revenant souvent, on s’est dit "on va la lire ensemble".
Plus tard, toujours pendant nos études, on a décliné l’idée d’avoir deux points de vue, un par personnage dans les ouvrages qu’on lisait. À la fin de cette même année 2016, on a créé l’association BDA2 afin de commencer à expérimenter autour du concept, et de créer des planches originales.
Au bout de six années d’expérimentation, on était des auteurs, pas des éditeurs. J’avais donc besoin d’une professionnalisation éditoriale pour faire évoluer le projet. J’ai monté la société BDA2 éditions en avril 2023, grâce aux avocats rencontrés pendant l’incubateur. J’ai tout de même gardé l’association éponyme afin de pouvoir développer le concept de lecture à haute voix et les interventions liées à ce même concept. J’ai pu obtenir toutes les clés, surtout en termes de gestion.
Nous avons envisagé la distribution pour l’Éducation nationale. Le système plaît au corps enseignant, aux instituteurs et institutrices pour apprendre à lire à l’école, en classe avec les élèves. Il y a une forme pédagogique très forte dans notre projet, alors si l’on se tourne vers ce type de distribution, il sera moins dérangeant d’avoir un catalogue peu étoffé.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Je travaille sur d’autres choses dont je ne peux pas encore parler ! J’espère que ça va bien se passer et bien démarrer afin de pouvoir sortir plus de titres à l’avenir. Ça fait déjà six ans qu’on est sur l’association, on voit que le concept plaît et fonctionne bien. Ce qui nous manque c’est un livre physique. Mais on se refuse à sortir une création originale simplement pour dire qu’on l’a fait.
Pour l’instant, on prévoit deux albums par an. Puis on verra, en fonction des potentialités que va générer le premier ouvrage. Notre volonté principale est de sensibiliser à la BD à deux, et à sa manière d’être rémunérée. Nous avons besoin de trouver des illustrateurs, des illustratrices, bref, des actrices et acteurs compétents. Toutes les conditions sont pour le moment réunies pour sortir un premier titre en 2024, et pourquoi pas un second à la fin de cette même année.
Comment votre passage par l’incubateur a-t-il influencé vos pratiques ?
Quand on ne part de rien, en termes de connaissances, l’édition c’est tout de suite plus impressionnant que ça ne l’est vraiment. J’ai acquis un nombre extrêmement important de connaissances, plein de termes techniques... j’ai découvert tout un monde, finalement !
Le milieu de l’édition est particulier en ce qui concerne la gestion : droits d’auteur ou stock, il existe des paramètres à prendre en compte qu’on ne retrouve pas partout. ALCA et l’incubateur m’ont permis d’obtenir des bases solides, qui ont permis de confirmer la pertinence de mon projet, que ce soit pour la comptabilité comme pour la distribution, pour la communication, le commerce, ou encore, les relations presse...
J’ai eu accès à des formateurs qui font partie de l’écosystème éditorial. Toutes ces personnes permettent d’ancrer son projet dans la réalité, de le concrétiser pour que ça ne reste pas qu'un rêve.
Propos recueillis par Flora Ghedjati Reigneau