[32] poèmes
Tous les amoureux ne le savent pas mais "Je t'aime aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain" est un vers de Rosemonde Gérard.
Louise Rose Étiennette Gérard, dite Rosemonde, née le 5 avril 1866 à Paris, fut déclarée de mère et de père inconnus. Deux années plus tard, le comte Louis Maurice Fortuné Gérard (1818-1880), fils du maréchal, comte Maurice Étienne Gérard, reconnaît être le père de l'enfant. En 1876, il rédige un testament où il lègue les trois-quarts de sa fortune à sa fille, alors âgée de 10 ans. Par son père, Rosemonde compte parmi ses aïeules la comtesse de Genlis (1746-1830), gouvernante du duc de Chartres (futur Louis-Philippe 1er, roi des Français), fils de Philippe Égalité.
Élevée par sa mère, Madame Lee, qui se présente cependant comme sa "tutrice", Rosemonde Gérard est aussi pupille d’Alexandre Dumas fils et de Leconte de Lisle. Elle reçoit la meilleure éducation et évolue dans les plus hautes sphères littéraires.
Rosemonde écrit de la poésie depuis son plus jeune âge. Les vers me dominaient. Je tremble en y songeant… j’écrivis "L’Anneau d’argent" et d’un cœur de seize ans que la vie émerveille : "Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille, Lorsque mes cheveux blonds seront …" , etc.
Ce poème L’éternelle chanson qui la rendra célèbre grâce aux vers "Je t'aime aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain" est publié en 1889 chez Alphonse Lemerre dans un recueil intitulé Les Pipeaux. Il est couronné par l’Académie française et salué par la critique.
L'amour et la nature sont les thèmes de prédilection de Rosemonde Gérard. Elle exprime des sentiments intimes et délicats avec une profonde tendresse. Son style poétique est simple et élégant. Elle parvient à exprimer des émotions complexes avec des mots simples, créant ainsi une poésie accessible et touchante. Elle a un talent pour choisir des mots qui évoquent une grande sensibilité.
Belle, intelligente et fortunée, la jeune fille rencontre Edmond Rostand, alors jeune étudiant, lors d’un séjour à Luchon en 1885. Unis par une commune passion pour la poésie, ils se marient en 1890. Subjuguée par le talent de son époux, elle choisit de sacrifier sa carrière pour servir la gloire de son poète. "Il lui semblait que le temps et l’attention qu’elle vouerait à son œuvre personnelle risqueraient de nuire à celle d’Edmond Rostand," témoigne leur fils Maurice Rostand.
Mais Rosemonde Gérard ne reste en rien passive, elle joue un rôle essentiel en introduisant Edmond Rostand dans son cercle social et littéraire, tissé depuis son plus jeune âge. Grâce à elle, il fait la connaissance de Jules Clarétie, administrateur général de la Comédie-Française, qui accepte sa pièce Les Romanesques jouée en 1894 sur les planches de la célèbre institution. Cette même année, c’est elle encore qui organise la rencontre déterminante avec Sarah Bernhardt pour son projet de la Princesse lointaine. Ce sera le début d’une grande amitié entre eux trois et la première marche vers le succès.
L'implication de Rosemonde Gérard va au-delà du rôle traditionnel de muse ou de compagne. Elle agit en collaboratrice active, elle le soutient, le motive. Elle assure un véritable travail de documentaliste, facilitant ainsi le processus créatif. Elle récupère les brouillons jetés à la poubelle, elle recopie les passages. Elle a une profonde compréhension de son travail.
Son soutien va jusqu’à l’aspect financier. Rosemonde a une fortune personnelle d’un million de francs héritée de son père le comte Gérard. Elle n’hésite pas à y puiser la somme considérable de 200 000 francs pour aider à la création de Cyrano.
L’installation au Pays basque se révèle très dure pour cette femme habituée au charme de la vie parisienne. "N’est-ce pas la nature seule qui retient Edmond Rostand dans ce Pays basque où il n’y avait pas une seule des choses qui amusent les gens de Paris : pas un plaisir, pas une distraction, pas un théâtre… " Rosemonde Gérard.
Le couple se sépare en 1913.
Pourtant Rosemonde et Edmond ne vont jamais rompre totalement. Elle revient notamment se réfugier à Cambo pendant une partie de la guerre. Elle est présente au chevet de son époux lorsqu’il meurt le 2 décembre 1918. "Il n’y a, hélas, que la mort qui nous révèle exactement la force du lien mystérieux qui nous attache à un être… Le lien qui m’attachait à cet être admirable et unique était infini : c’était ma vie-même, ma vie qui, même à distance, ne me venait que de lui. Je souffre tellement que je suis étonnée à chaque minute de ne pas mourir."
Pendant les Années folles, Rosemonde Gérard reprend son rôle de femme de lettres. Elle tient salon, siège au jury du prix Fémina, fréquente les générales des pièces de théâtre. Elle publie ses poèmes dans les grandes revues populaires, accumule les conférences dans toute la France.
C’est au cours de cette période qu’elle révèle toute sa puissance créatrice. Elle écrit, fait jouer et publie six pièces de théâtre.
Rosemonde publie L’Arc-en-ciel (1926), qui lui vaut les honneurs de l’Académie française.
Elle travaille régulièrement avec son fils Maurice et signe de nombreuses pièces de théâtre. Admirative de son défunt époux, elle lui dédie une biographie en 1935 où elle lui rend un hommage vibrant.
Sources : Textes, images et son : http://www.arnaga.com
Exemplaire disponible
- VIlla Arnaga
- Médiathèque de Combo-les-bains
- Médiathèque de Pau
Citation
Pars ! j’ai hâte, à présent, que l’instant nous sépare
Où tu ne verras plus l’adieu blanc de mes doigts,
Car c’est en me quittant à la petite gare
Que tu commenceras à revenir vers moi !
Féeries
Exposition
À la Villa Arnaga (Cambo-les-Bains - 64) : exposition jusqu’au 3 novembre 2024 : "Rosemonde Gérard, femme poète de la Belle-Époque".
http://www.arnaga.com/Approfondissez/Rosemonde-Gerard