La librairie Krazy Kat livre la bande dessinée aux lecteurs
Publié le
19/05/2020
Librairie indépendante de bande dessinée située en plein cœur de Bordeaux, Krazy Kat propose depuis le début de la crise sanitaire un service de livraison qui a trouvé son public. Une alternative aux systèmes de drive bien utile pour une librairie dont la situation centrale n'est pas forcément un atout.
Pourquoi avoir proposé un service de livraison dès le début du confinement ?
Quand j'ai vu au tout début du confinement que ma voisine se faisait livrer par la Fnac, j'ai vérifié si la livraison de livres était autorisée. Rien n'empêchant en effet un libraire d'assurer cette livraison, je me suis formé aux précautions imposées et, dès le 23 mars, nous avons ainsi proposé aux clients de se faire livrer partout dans la métropole bordelaise. Afin d'être en règle, nous avons évidemment mis en place toutes les précautions imposées et recommandées, et avons demandé une participation d'un centime d'euro à la livraison*.
L'offre a progressivement séduit de nombreux lecteurs, qui avaient bien entendu envie de lire mais qui surtout ne souhaitaient pas sortir de chez eux devant le risque sanitaire. D'autres librairies locales ont suivi le mouvement en travaillant, comme nous, avec la société bordelaise Roues libres, qui assure la livraison de livres en vélo.
La situation de la librairie, en plein centre d'une grande ville, est-elle un atout dans cette période ?
Je pense au contraire que nous sommes désavantagés en étant dans le centre-ville de Bordeaux. En temps de crise - et nous avons déjà vécu cette situation avec le mouvement des Gilets jaunes -, les gens désertent les centres-villes et privilégient les commerces des communes alentours. De la même manière, assurant près de 20% de notre chiffre d'affaires annuel pendant l'été, grâce aux nombreux touristes visitant Bordeaux, la période estivale s'annonce difficile. Sans doute nous faudra-t-il attendre l'hiver et Noël pour retrouver une belle fréquentation.
Notre première semaine depuis la réouverture est plutôt bonne mais loin d'être exceptionnelle. Heureusement, nous avons pu compter sur les différentes médiathèques locales qui ont joué le jeu en nous commandant très vite des livres. Et, bien sûr, le soutien des pouvoir publics a été essentiel, que ce soit le dispositif de chômage partiel pour mes collaborateurs, le Fonds national de solidarité, les aides régionales et les prêts bancaires.
Vous proposiez de nombreuses animations avant la fermeture. Qu'en est-il ?
Toutes les animations sont arrêtées. Nous devions d'ailleurs recevoir des grands noms de la bande dessinée, comme Luigi Critone. Nous avions fortement développé ces derniers mois les Dédikatz, des rencontres au cours dequelles un auteur dessine sur écran géant un dessin dont le thème est tenu secret. Le public doit deviner ce thème et le premier à l'avoir trouvé remporte le dessin A3 dédicacé. Le programme des Dédikatz était d'ailleurs très chargé sur la période de mars-avril avec des animations prévues à Livre Paris ou avec la BnF. Nous espérons que ces animations auront repris à la mi-septembre, pour les 16 ans de la librairie !
*La livraison gratuite de livres n'est plus autorisée depuis une loi du 8 juillet 2014, visant à lutter contre la concurrence déloyale exercée par Amazon.