Il y a 50 ans disparaissait François Mauriac
En disparaissant le 1er septembre 1970, François Mauriac a laissé derrière lui une œuvre littéraire et journalistique majeure que continue de transmettre un demi-siècle après le Centre François Mauriac de Malagar, à Saint-Maixant (33), et qui inspire les nombreux auteurs accueillis en résidences d'écritures au Chalet Mauriac, à Saint-Symphorien (33). Un programme de rencontres, expositions et projections, intitulé Mauriac 2020, ponctue ce cinquantenaire.
3 questions à…
Philippe Baudorre, professeur de littérature à l'Université Bordeaux Montaigne, vice-président du Centre François Mauriac de Malagar
Nous célébrons ce mardi 1er septembre le cinquantenaire de la disparition de François Mauriac. Comment la réception de son œuvre et la compréhension de son personnage ont-elles évolué ces cinquante dernières années ?
François Mauriac meurt très âgé et se constitue alors une forme de légende, ancrée par des consécrations et des rendez-vous majeurs : l'Académie française, le prix Nobel de littérature, son activité de chroniqueur de presse très en vue… Durant les deux décennies qui ont précédé sa mort, les médias lui consacrent de nombreux sujets et adaptations. Il est donc à ce moment-là une figure importante, mais aussi le représentant d'une époque qui s'achève avec l'après-mai 1968 et son bouillonnement politique, la contre-culture et l'essor du nouveau roman. Après sa disparition, François Mauriac devient rapidement un classique, étudié dans les programmes scolaires comme exemple d'une époque littéraire, et dont les romans continuent à se vendre dans les années 1970 et 1980. Cette classicisation de Mauriac a été néanmoins compensée par le retour au premier plan de son œuvre journalistique. L'édition et le grand public montrent en effet ces dernières années un grand intérêt pour ces publications, avec par exemple la nouvelle édition intégrale de son Bloc-notes publiée jeudi dernier par Robert Laffont avec Mollat, et préfacée par Jean-Luc Barré.
François Mauriac a laissé une empreinte forte en Nouvelle-Aquitaine, en partie au Chalet Mauriac, à Saint-Symphorien, et à Malagar, à Saint-Maixant ? Quel rôle ont joué ces lieux ?
Mauriac explique que l'imaginaire de son œuvre littéraire s'est essentiellement constituée dans l'enfance. Davantage l'enfance des vacances que celle du quotidien, donc les landes autour de Saint-Symphorien plutôt que Bordeaux. L'intelligence des hommes a fait que, quelques années après sa mort, sa famille s'est préoccupée du devenir de la maison de Malagar qui a été le principal lieu de ressourcement de la vie de Mauriac, des années 1920 jusqu'à sa mort. La famille s'est tournée vers les pouvoirs publics, vers Jacques Chaban-Delmas puis vers la Région qui a joué un rôle majeur en faisant de ce lieu de vie un lieu de mémoire. De la même manière ensuite avec le Chalet à Saint-Symphorien, il y a eu une conjonction d'événements que l'on rencontre peu dans le devenir d'une maison d'écrivain et qui permet aujourd'hui le rayonnement de l'œuvre.
Ces derniers jours ont aussi été marqués par le décès de Jean Mauriac, le dernier fils de François. Quels étaient les rapports entre François et ses enfants ? Ces derniers ont-ils connu le Chalet Mauriac et Malagar ?
Bien qu'il eût une vie personnelle très forte, avec une activité sociale et littéraire intense, François Mauriac attachait une grande importance à sa famille. C'est ce qui ressort notamment du Livre de raison qu'édite cette année Le Festin : il a eu et conservé tout au long de sa vie une grande proximité avec ses enfants et ses petits-enfants. Jean Mauriac a entretenu cette fibre familiale. Comme son frère et sa sœur, il a bien sûr connu la maison de Malagar et le Chalet, en y séjournant régulièrement tout au long de sa vie, et en participant pleinement à leur devenir. Laurent, le fils de Jean, perpétue d'ailleurs aujourd'hui cet attachement.
Le journal Le 1 consacre un numéro à François Mauriac, dont la parution est prévue le 9 septembre. Une publication pour "relier François Mauriac à une génération qui ne connaît pas forcément l'auteur et réactualiser sa perception auprès des générations plus anciennes", nous explique Anne-Marie Cocula, présidente du Centre François Mauriac de Malagar. Éric Fottorino, rédacteur en chef du 1, a invité des spécialistes de Mauriac à prendre la plume, à l'instar de Jean Touzot. Ces deux derniers participeront d'ailleurs aux prochaines Vendanges de Malagar, les 18 et 19 septembre.
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