Timothée Guérin : "Faire revivre le théâtre qui s'écrit de moins en moins"
Timothée Guérin est auteur, comédien et formateur en prise de parole dans la compagnie L’impensible, implantée à Bordeaux. Cette même compagnie ajoute aujourd’hui à son arc la corde de l’édition éponyme, impulsée par ALCA.
Quelles étaient vos motivations à créer une structure éditoriale ?
Après plusieurs collaborations éditoriales qui ne me convenaient pas, je suis arrivé à la conclusion que peut-être que, ce qu’il me fallait, c’était créer ma propre structure pour éditer mes textes. Je voulais pouvoir produire un vrai travail éditorial, pour obtenir une belle édition d’un texte, et tout simplement, devenir éditeur. Le théâtre s’écrit de moins en moins, se vend de moins en moins, et avec le sentiment qu’aucun n’effort n’est fait pour le mettre en valeur, je me devais de sauter le pas. ALCA et l’incubateur ont permis la bascule.
L’impensible, le nom de ma maison, est d’abord une compagnie théâtrale et d’arts oratoires bordelaise. Avec un rayonnement néo-aquitain, ce n’est pas moins de quinze intervenants qui forment à la prise de parole. Mettre en voix les textes, c’est ce qui nous importe, mais les éditer pour les faire vivre sur le papier, c’est aussi bien !
Que vous a permis de réaliser l’incubateur ?
Quand j’ai intégré la promotion de l’incubateur, je n’avais pas de projet réel. Je n’avais que des idées qu’il fallait concrétiser. J’ai donc commencé à travailler sur un texte qui date d’il y a un peu plus de dix ans, qui devrait sortir fin mars 2024.
L’incubateur m’a permis, de manière plus concrète, de décider de la raison sociale de L’impensible, à savoir une association loi 1901 qui regroupe l’organisme de formation, la compagnie de théâtre et la maison d’édition. Également, intégrer l’incubateur, c’est un bon moyen d’arriver à anticiper les potentiels problèmes que l’on pourrait rencontrer dans la création d’une structure. C’est une vraie énergie déployée que de pouvoir proposer un tel accompagnement à la mesure de nos espoirs et de nos besoins.
On ne peut pas enlever la pédagogie et la transmission à l’incubateur ainsi qu’à ses intervenants et ses intervenantes. Cela peut être effrayant, de construire une formation qui correspond ou qui doit correspondre à des profils différents, issus d’horizons multiples et des souhaits éditoriaux nombreux. Grâce à l’incubateur, j’ai la sensation de pouvoir déceler les tenants et les aboutissants de ma structure éditoriale, j’ai développé une certaine capacité d’adaptation et surtout, je peux enfin concrétiser mes volontés d’éditer des textes... à commencer par un des miens !
Et vos futures sorties ?
La première sortie est déjà disponible et c’est donc un de mes textes, Les rescapés du savoir-vivre. Cette pièce est imprimée en France, auto diffusée et distribuée, et c’était une des seules manières possibles d’éditer un de mes textes à mes faires. Stratégiquement, c’est toujours bienvenu.
Autrement, je travaille en collaboration avec une autrice du nom de Laure Philippon. Son texte est un roman écrit en 2016, il n’a jamais été publié et une fois le manuscrit entre mes mains, ç’a été un réel coup de cœur. Ce même manuscrit est en pleine phase de relecture en collaboration avec l’autrice et devrait sortir courant 2024. En attendant, je continue à enrichir mon réseau de nouveaux éditeurs et nouvelles éditrices, et je suis toujours à la recherche de textes polysémiques, pépites, tout ce qui pourrait redonner ses lettres de noblesse à la dramaturgie et à la fiction !
Propos recueillis par Flora Ghedjati Reigneau