Qui pouvait imaginer qu’en 1941 réfugiés juifs et prisonniers allemands avaient cohabité dans deux camps voisins, à l’île Maurice ?
À 10 000 km du front, que pouvaient savoir ces hommes et ces femmes de la réalité des horreurs de la guerre ? Quels moyens avaient-ils pour communiquer avec leurs pairs ? Et dans ces camps, si loin de tout, comment pouvaient-ils essayer de résister aux ravages de l’Histoire ?
Grâce à la plume toujours juste d’Alain Gordon-Gentil, nous découvrons des personnages profondément humains, dont le destin ne sera pas moins tragique qu’en Europe, mais dont la candeur permet de voir cette barbarie autrement.

"Est-ce parce que le vieux Werner Gabrielsky de Bratislava et le jeune et beau lieutenant Hans Dhennel de la Kriegsmarine, amis du quotidien, me sont devenus chers, que je suis à ce point troublé ? Avec eux, je traverse une guerre qui se déroule à près de 10 000 kilomètres de nous et qui ne me regarde pas. Mais qui est devenue réalité depuis que bourreaux et victimes, charriant leurs douleurs et leurs mystères,
sont venus s’installer sur notre terre: l’île Maurice. Construire des ponts sur des rivières asséchées sert-il à quelque chose… Je ne sais pas. Pendant ce temps, loin, très loin de notre terre de lumière, des trains filent vers l’est, s’enfonçant dans d’inimaginables nuits noires."