Dans L’Inquiète adolescence, Louis Chadourne nous confie ses années d’internat, chez les Jésuites. Pressenti pour le prix Goncourt, ce roman en a été écarté en raison de son esprit "anti-clérical".

Dans son mémoire présenté pour l’obtention du grade de licencié en philosophie et lettres (1971) Françoise Hye de Crom présente l’ouvrage : "[L’] Inquiète adolescence, paru d’abord aux Écrits Nouveaux sous le titre Les Murmures de la forêt, fut édité chez Albin Michel en 1920. Louis fut introduit dans cette maison d’édition par son ami Pierre Benoit.
Chadourne, qui a gardé suffisamment vivant dans sa mémoire le souvenir de ses années d’étude et sa mentalité de collégien, décrit une époque de sa propre existence."
Récit nostalgique d'un éveil, L'Inquiète Adolescence de Louis Chadourne relate comment il entra dans l'âge d'homme. "Ce fut comme l'ivresse d'un vin bu à jeun, une chaleur bourdonnante, la joie de mon être naissant à un Paradis inconnu. "

D’après Christiane F. Kopylov, qui a magnifiquement édité les Carnets de Louis Chadourne (éditions des cendres, 1994), c'est à Caracas qu'il commence L’Inquiète adolescence, Alors qu’il voyage dans les Caraïbes et l’Amérique du sud en compagnie de Jean Galmot (fin 1919, début 1920).
Dans le même ouvrage elle propose : "Août [1919] – Séjour en Bretagne à Sainte-Anne-La-Palud. Louis s’attelle à l’écriture d’un roman psychologique qui paraitra d’abord dans les Écrits nouveaux sous le titre : Les murmures de la forêt."

Le roman s’inspire librement de ses souvenirs de lycéen pensionnaire d'une institution catholique (à Sarlat, puis à Saint-Joseph à Périgueux entre 1901 et 1906). Souvenirs déchirés par une intense nostalgie, celle de l'adolescence, des "heures de tiède incubation", des grands désarrois physiques et métaphysiques, et dominés par la figure de la femme inaccessible et du meilleur ami, qui accompagnèrent ce passage fébrile des rêves d'enfant aux désordres de la vie adulte.
Alors qu’à la fin de l’été il rentre dans son austère collège, la double rencontre d'une femme rousse inaccessible et de son condisciple Jacques Lortal lui présente les visions et les affres de la passion. Fruit de l'apprentissage et d'une amitié inaltérable, L'Inquiète Adolescence est dédié à celui qui "fut comme un veilleur qui secoue une torche sur ses compagnons endormis, les brûle mais les éveille."
L’ami en question est Jean Fayolle-Lussac.

Paul Demurs, alter ego de Chadourne, quitte les défroques de la foi et lentement se décille. Ému durant l'été par le bras nu d'une cousine, l'adolescent sent vibrer autre chose que la ferveur religieuse. D’autant que l’attitude des professeurs et surveillants, pour la plupart enferrés dans une foi bornée, apparait aujourd’hui fortement prédatrice.
La critique, toute en finesse, de Chadourne sur ces pratiques lui fit sans doute "perdre" le Goncourt : en 1921 la société ne semblait pas prête à entendre ces perversions : on préféra juger le roman "anti-clérical" et mettre le sujet sous l’éteignoir.

Quoiqu’il en soit le roman fort bien accueilli par la critique.