"Ailes ouvertes : carnet d’une aviatrice"
Maryse Bastié, aviatrice féministe : voler et se battre jusqu’au bout.
Maryse Bastié, née Marie-Louise Bombec le 27 février 1898 à Limoges.
Orpheline de père à l'âge de 11 ans, ouvrière dès l’adolescence dans une usine de chaussures comme piqueuse sur cuir, elle se marie en secondes noces avec son filleul de guerre, le lieutenant pilote Louis Bastié ; c'est à ses côtés qu'elle se découvre une passion pour l'aviation.
Elle obtient son brevet de pilote sur la station aérienne de Bordeaux-Teynac, qui deviendra l'aéroport de Bordeaux-Mérignac en 1925.
Une semaine après, elle passe avec son avion, un Caudron G.3, sous les câbles du pont transbordeur de Bordeaux. Le 13 novembre 1925, elle vole de Bordeaux à Paris, divisant son parcours en six étapes, ce qui constitue son premier voyage aérien. L'année suivante, son mari Louis Bastié trouve la mort dans un accident d'avion ; "J’ai cru voir devant moi se fermer l’horizon".
Loin de se décourager, Maryse se rend à Paris, où elle donne des baptêmes de l'air et fait de la publicité aérienne, puis s’engage résolument dans l’aventure aérienne. Elle établit alors un premier record féminin homologué de distance (1 058 km), entre Paris et Treptow-sur-Rega, en Poméranie occidentale.
En 1929, elle établit un nouveau record de France féminin de durée de vol, de 10h30, et un record international féminin de durée avec 26h44. Elle établit ensuite un record de distance avec 2 976 km sur le parcours Paris-Uhring (URSS). Pour cet exploit, à son retour, elle reçoit la Croix de chevalier de la Légion d'honneur et le Harmon Trophy américain décerné, pour la première fois, à une Française.
En ces années d’entre-deux-guerres, le public se passionne pour les exploits de ces téméraires aviatrices. En compagnie de Maryse, Adrienne Bolland, Maryse Hilsz, Hélène Boucher… repoussent les limites de distances parcourues, de temps de vol, d’exploits en tous genres… et de Unes des grands journaux.
Mais elle s'engage aussi dans le combat pour le vote des femmes : à partir de 1934, aux côtés d’Hélène Boucher et d'Adrienne Bolland, elle soutient Louise Weiss qui se présente aux élections législatives de 1936.
Le 5 mai 1939, Maryse Bastié est interviewée par Jacques Pauliac pour Le Journal. Son article s'intitule "Voler est merveilleux déclare Maryse Bastié mais que ne suis-je un homme". Indignée que les femmes ne puissent s’engager dans un conflit tout comme les hommes, elle propose alors ses services à l'armée.
Volontaire pour l'armée de l'Air en septembre 1939, elle est "réquisitionnée" avec trois autres pilotes, Maryse Hilsz, Claire Roman et Paulette Bray-Bouquet, pour convoyer des avions vers le front. Par la suite, par le décret du 27 mai 1940 qui autorise la création d'un corps féminin de pilotes auxiliaires, elle poursuit les convoyages ; elle devient pilote avec le titre de sous-lieutenant en mai 1940.
Démobilisée en juillet 1940, elle offre ses services à La Croix-Rouge où, sous couvert de son activité, elle recueille des renseignements sur l'occupant et participe à la Résistance dans le réseau Darius.
En septembre 1944, elle est l'une des premières recrues du premier corps de pilotes militaires féminin, créé à l'initiative du communiste Charles Tillon, ministre de l’Air. Mais le corps sera dissous en février 1946.
En 1951, elle entre au service des relations publiques du Centre d'essais en vol. Le 6 juillet 1952, lors d'une de ses missions, au meeting aérien à l'aéroport de Lyon-Bron, elle trouve la mort dans l'accident du prototype d'un Noratlas 2501, où elle avait pris place pour un vol d’essai… en tant que passagère.
Sources : Wikipédia : Maryse Bastié
Michel Praneuf, Maryse Bastié ou le rêve d’Icare en Limousin, Lemouzi, 6e série, n°192, 2009.
"Désormais, je pouvais voler de mes propres ailes… Je n’avais jamais mieux mesuré toute l’ivresse qui tenait dans cette phrase, si banale pour d’autres."
Maryse Bastié