Yoann Bourion : "Les projets d'aménagement sont constants !"
Un peu plus d'un an après sa nomination à la tête des bibliothèques de Bordeaux, dans un contexte où près d'un tiers des usagers ont perdu l'habitude de se rendre à la bibliothèque Mériadeck, Yoann Bourion nous partage l'avancement des nombreux projets d'aménagement dans les différents quartiers de la ville.
3 questions à…
Yoann Bourion, directeur des bibliothèques de Bordeaux
Vous êtes arrivé à la tête des bibliothèques de Bordeaux dans un contexte contrarié par les confinements et les fermetures au public. Les usagers ont-ils depuis repris le chemin des bibliothèques ?
J'ai pris la direction de la bibliothèque municipale de Bordeaux en février 2021 après en avoir été le directeur adjoint pendant plusieurs années. J'ai donc été amené à gérer depuis le début cette période très particulière pour les bibliothèques publiques, entre confinements et ouvertures sous contrôle du passe sanitaire.
La reprise a été très progressive, à l'instar des autres grands réseaux de lecture publique en France : les bibliothèques de quartier, des établissements de proximité très intégrés dans leur territoire, ont retrouvé une fréquentation pratiquement équivalente à celle de 2019. C'est plus compliqué pour la bibliothèque Mériadeck qui aujourd'hui encore présente des statistiques de fréquentation et de prêts aux deux tiers de ce que nous connaissions avant la pandémie. L'enjeu est désormais de rappeler notre existence au public occasionnel, ayant perdu le réflexe "bibliothèque".
Des projets d'animations, de contenus ou d'aménagement, à l'instar de celui qu'a connu la bibliothèque Mériadeck en 2021, peuvent-ils contribuer au retour des usagers ?
Sur un réseau tel que le nôtre, les projets d'aménagement sont constants ! Parce que les bâtiments vieillissent et que nous devons "rafraichir" les espaces, mais aussi, et surtout, parce que les bibliothèques doivent s'adapter constamment aux évolutions de la société. Nous rédigeons d'ailleurs actuellement notre projet d'établissement (un projet culturel scientifique éducatif et social) qui sera une véritable feuille de route pour les cinq prochaines années, dans un contexte où la Ville de Bordeaux place sa politique culturelle sous l'égide des droits culturels et de l'éducation artistique et culturelle.
À titre d'exemples, nous lançons cet automne un service de prêt d'instruments de musique dans les bibliothèques Pierre Veilletet (Caudéran) et Mériadeck, avec l'objectif de proposer une offre renouvelée, dans un contexte de changement des pratiques. Grâce à une aide spécifique du Centre national du livre, nous allons augmenter considérablement nos collections de mangas. Enfin, dès cet automne nous lançons un cycle de conférences-débats, avec des formats novateurs impliquant la participation active des usagers, dans les domaines de l'histoire et des sciences. Nous avons ainsi invité Johann Chapoutot et Étienne Klein.
Pouvez-vous faire un point d'étape des grands projets de développement du réseau comme le Pôle culturel de la Benauge ou la future bibliothèque dans le quartier de Bacalan ?
Le réseau des bibliothèques de la ville de Bordeaux doit effectivement se moderniser, et également tenir compte de l'évolution démographique importante de ces dernières années. Ainsi, le quartier Bordeaux maritime est passé de 8 000 à 18 000 habitants entre 2007 et 2018, la rive droite accueillera 40 000 habitants en 2030. La bibliothèque de Bacalan, ouverte en 1983, sera détruite et reconstruite à son emplacement actuel pour une ouverture prévue fin 2025. Elle a pour ambition de rayonner au-delà du quartier historique de Bacalan, jusqu'au nouveau quartier des Bassins à flot. Le projet sera bien entendu exemplaire au niveau environnemental et a été construit avec les habitants du quartier pour que le futur établissement soit un véritable lieu de vie, un point d'ancrage fort dans ce territoire, favorisant la mixité des publics et la convivialité.
L'actuelle bibliothèque de la Benauge se situe au cœur d'un ambitieux programme de renouvellement urbain. Le bâtiment sera détruit à l'horizon 2024. Nous travaillons actuellement à la définition d'un pôle culturel accueillant une bibliothèque plus vaste, une antenne du conservatoire et une salle de diffusion. L'objectif est de commencer les travaux avant 2026, avec l'idée de maintenir une offre de lecture publique dans ce quartier pendant cette période de transition.