Fanny Blanc et Charlotte Lemaire sont les illustratrices néo-aquitaines lauréates 2022 de l'opération Un voyage à Bologne. Organisé par La Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse, ALCA et d'autres agences régionales du livre, ce dispositif aide depuis 10 ans des artistes émergents à se professionnaliser.
3 questions à…
Fanny Blanc et Charlotte Lemaire, illustratrices
Comment ALCA et La Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse vous ont-elles accompagnées ?
Charlotte Lemaire : Le voyage à Bologne commence bien avant la Foire internationale du livre de Bologne. Dès janvier, La Charte invite les douze lauréats à deux riches journées de formation durant lesquelles sont évoqués des sujets peu évidents mais essentiels : la cession de droits d'auteur, la négociation de contrat d'édition ou le rôle des sociétés de gestion de droits collectif, par exemple. Lors de cette formation, chaque lauréat a pu s'exercer à présenter ses projets à des éditeurs, en vue des rendez-vous de Bologne. Enfin, rencontrer le groupe d'illustrateurs et illustratrices participant au voyage est un des points forts du dispositif. Le métier d'auteur-illustrateur est très solitaire et peu défendu : les précieuses discussions et les échanges de conseils autours de nos expériences respectives dans l'édition sont formateurs.
Fanny Blanc : Avant le départ et pendant la foire, Marion Colin nous a présenté le travail d'ALCA et informées que l'on bénéficierait d'un suivi au long cours, pour pourvoir poser des questions pratiques, avoir des informations ou de l'aide pour postuler à des résidences, faire des demandes de financement de projets ou développer des ateliers en Nouvelle-Aquitaine.
Que retenez-vous de votre voyage à la Foire internationale du livre de Bologne ?
F.B. : C’était une très belle expérience et une chance : tout était balisé, la logistique assurée, les rendez-vous avec des éditeurs ou des directeurs artistiques déjà pris. Nous avions une vraie tranquillité d'esprit pour pouvoir nous concentrer sur les rencontres professionnelles. Je suis allée à ces rendez-vous avec un portfolio d'illustrations, à la recherche de collaborations éditoriales, mais aussi pour y parler d'un projet en cours d'élaboration. C'était très positif et donc évidemment très encourageant !
C.L. : Le séjour à Bologne m'a fait me rendre compte de ce qui se fait en littérature jeunesse dans le monde entier. J'en avais une idée mais c'est différent de voir réunis sur un même lieu des éditeurs de (presque) chaque pays ! Cela permet de situer la production française, ainsi que notre propre travail, dans ce très grand paysage.
Vous semble-t-il nécessaire d'aider les auteurs émergents à se professionnaliser ?
F.B. : Absolument ! Les études que j'ai faites en illustration négligeaient complètement la formation sur les aspects pratiques, administratifs et juridiques de la vie professionnelle. Or, dans le domaine de la littérature jeunesse ou de l'illustration, où l'économie est souvent compliquée, les connaissances sur les aides à la création, les espaces de résidence, les possibilités de contacts avec des professionnels qui peuvent être apportées sont évidemment plus que précieuses !
C.L. : Tout à fait ! Il y a toute une partie du métier que l’on n'apprend pas à l'école : le démarchage, comment défendre ses droits (et quels sont-ils ?), comment travailler sur un projet avec un éditeur, etc. Sujets qui sont d'autant plus difficiles que l'on est indépendant, que le statut d'artiste-auteur est très mal connu et que l'on se trouve donc souvent très seul.
