Musical écran, festival éclectique et engagé
La neuvième édition de Musical écran se tient à Bordeaux du 13 au 19 novembre 2023. Rock, pop, funk, rap, musique électronique ou éthiopienne, tous les genres y trouvent leur place et sont à découvrir dans la riche programmation du festival.
Trois questions à...
Richard Berthou, programmateur du festival Musical Écran, association Bordeaux Rock (33)
C’est la 9e édition du festival Musical écran cette année. Comment expliquer le tel succès d’un festival dédié au documentaire musical, de premier abord un genre de niche ?
Richard Berthou : D’une part, il n’existe que deux festivals de documentaires musicaux en France. Donc, en plus d’être un genre de niche, sa présence en festival est assez rare ! D’autre part, l’offre n’est pas très fournie dans le documentaire musical, qui reste un genre peu distribué. Cependant, les plateformes et les chaînes ont commencé à s’y intéresser et à lui trouver une place dans leurs programmations, et le public a pu découvrir ce genre. Le documentaire revient de loin, et il intéresse.
Est-ce qu’il y a des genres musicaux qui se prêtent plus au documentaire que d’autres, et qui donc sont plus traités ?
R.B. : Les productions très riches, essentiellement nord-américaines, se destinent de plus en plus aux grosses plateformes de streaming. Ce qui intéresse ces plateformes, c’est que la personne qui fait l’objet du documentaire soit au cœur du film, et non pas sa musique. Aujourd’hui, les artistes porteurs s’apparentent au rap, et c’est la figure de l’artiste qui est prégnante.
Au sein de Musical écran, notre idée première est de diversifier, d’adopter une programmation la plus éclectique possible, notamment avec des films sur la musique qui parle du monde et en présentant des documentaires qui ne sont pas que des portraits de célébrités. Et pour preuve, un tiers de la programmation de cette année est réservée au documentaire de société. Dans des pays où la liberté d’expression est réprimée, la musique est aussi un moyen de s’exprimer, au même titre que le cinéma. C’est intéressant de voir que la musique peut être un vecteur, et de voir ce qu’elle procure.
Quelles sont les nouveautés ou spécificités de cette 9e édition ?
R.B. : Cette année, la cérémonie d’ouverture a lieu au Cinéma Megarama, chose qui n’avait pas encore été faite depuis la création du festival. Nous avons plus de 15 avant-premières, qu’elles soient françaises, européennes ou même internationales. La programmation est très riche, d’un film autour des femmes en Afghanistan (And still, I sing) jusqu’à un documentaire sur la fabrication de l’album Thriller de Michael Jackson dans les années 70 (Sonic Fantasy), en passant par des histoires de rappeurs emprisonnés à cause de leurs textes en Espagne (No callarem, un film per Libertat).
Et évidemment, il y a des films que je défends plus que d’autres, par exemple des films réalisés et produits avec peu de moyens, c’est toujours intéressant de pouvoir les mettre en avant plus que des grosses productions. Mais tous les genres musicaux sont représentés au sein de nos trois sections, "Écouter pour voir" qui regroupe des films autour de la musique comme moyen d’expression, "Séances Studio" qui approche des enregistrements d’albums, presque au cœur de la bête, et la musique en général, avec des portraits de musiciens et musiciennes. Mais tout ça est à découvrir durant la semaine du festival !
Propos recueillis par Flora Ghedjati Reigneau