L'association Vagues Littéraires lance auprès des auteurs, chercheurs ou artistes un appel à textes pour la revue haïtienne des cultures créoles Do Kre I S. Cette revue francophone et créolophone, diffusée en Haïti, en France et en outre-mer, a déjà réuni plus de 80 auteurs-contributeurs issus de 25 îles et pays dont Haïti, la France, La Réunion, La Guadeloupe, Mayotte, Trinité-et-Tobago, mais aussi le Sénégal, la Norvège, la Tunisie ou le Mexique.

Après les thèmes #1 Voyage, #2 Miroir, #3 Marge(s), #4 Traces, ce nouveau numéro abordera celui de la fête / fèt.

"Une fête est un excès permis, voire ordonné, une violation solennelle d’une prohibition."
(Sigmund Freud, Totem et Tabou, 1913)

"Faire la fête c’est prendre corps au monde". C’est vouloir le monde à plusieurs, de manière collective. C’est peut-être infléchir la réalité à des exigences plus sensibles, sensitives, sensuelles, voire oniriques. La fête convierait à une notion de liberté, ouvrant le champ des possibles sous des formes multiples.

Comme les fêtes vaudoues en Haïti qui émergent à un moment particulier – telle une convocation pour une cause –, la fête suggère une réponse, une riposte aux systèmes inhumains, aux injustices, aux oppressions. De la période esclavagiste à l’époque contemporaine, la fête nous permettrait d’échapper à l’assujettissement en brisant les chaînes sociales.

Pour le numéro 5 de la revue Do Kre I S, nous aimerions explorer la thématique de la fête / fèt. La notion de fête est à la fois un temps social, celui du rassemblement et de la communion, et un temps politique, celui de la résistance, du refus de se plier à certaines règles, de la lutte contre des restrictions. Bien loin d’être futile, la fête est un engagement, une archive des identités. À travers l’Histoire, les fêtes représentent les diversités, que ce soit dans des manifestations joyeuses et solidaires ou dans des espaces de réflexions sociétales et politiques. Elle peut métamorphoser la société en profondeur.

De la nécessité de tisser des liens sociaux ou de se transformer et bousculer nos sociétés, la fête est également un miroir des rapports multiples tissés entre les cultures diasporiques.

En essayant d’aborder cette thématique à travers les prismes du passé des peuples créoles, nous pourrions voir que la fête n’est pas un simple lieu de divertissement mais plutôt un lieu de marronnage, de résistance, de célébrations, d’imaginaires dissidents et surtout de création.