Serge Simon : "Comment a-t-on pu fermer les librairies ?"
Publié le
19/11/2020
Médecin de formation, l'ancien joueur et actuel vice-président de la Fédération française de rugby publie aux éditions Hugo & Cie un Dictionnaire absurde du Covid dans lequel il définit avec humour les mots de la novlangue du Covid-19.
Vous proposez ce Dictionnaire absurde du Covid "pour exorciser, pour en rire et aussi pour réfléchir, un peu". Le format de dictionnaire, ou de glossaire, permet-il de répondre plus aisément à ce triple objectif annoncé ?
Nous avions déjà privilégié ce format avec le Dictionnaire absurde du rugby (Prolongations, 2006), ce qui nous avait permis d'employer des doubles-sens de mots issus du jargon rugbystique. Et d'exprimer ainsi un premier et un deuxième degré, un troisième même pour certains mots ! Dans cette novlangue née avec le Covid, il y a beaucoup de sens derrière un même mot : le sens premier, le sens caché, le sens craint, le sens espéré, le sens rejeté… Un dictionnaire se prête donc naturellement à cette mécanique sémantique.
Avec ce livre, j'invite à rire non pas directement du Covid et de ses dégâts sanitaires mais plutôt des contraintes qu'il nous impose à travers la transformation de notre quotidien. Vus en-dehors du cadre de l'épidémie, les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale prêtent à faire sourire. Ces contraintes ne sont d'ailleurs pas dénuées de contradictions tant nous apprenons à vivre avec un virus difficile à appréhender, ce qui peut s'exprimer aussi par des décisions publiques pas toujours cohérentes et donc risibles.
Quel Serge Simon a écrit ce livre ? L'ancien joueur professionnel, le médecin, le chroniqueur radio ou le vice-président de fédération ?
C'est la réunion de beaucoup de choses : je me suis servi pour écrire ce livre à la fois de mon expérience de dirigeant et de ma formation de médecin. C'est aussi un regard de commentateur de l'actualité qui m'a poussé à réaliser ce projet.
Vous définissez parmi les nombreux mots de cette novlangue du Covid les "courses de première nécessité". Considérez-vous les livres comme des biens de première nécessité ?
Évidemment ! Et je ne dis pas ça parce que j'ai eu la très bonne idée de sortir ce livre le jour du reconfinement (rires). Comment a-t-on pu fermer les librairies ? Comment a-t-on pu penser que la fermeture de nos librairies allait aider à lutter contre la pandémie tout en rouvrant d'autres commerces ? Les livres sont bien sûr des produits de première nécessité, sans doute plus que le pinard que l'on peut acheter chez son caviste… C'est incompréhensible, d'autant quand on voit que des pays voisins, qui ne se targuent peut-être pas de la même tradition littéraire que la France, à l'instar de la Belgique, considèrent le livre comme un bien essentiel. Cette énième contradiction pourrait d'ailleurs faire l'objet d'une définition dans un deuxième tome !