Pour un soutien fort et pérenne à l’éducation aux images hors temps scolaire : défendons Passeurs d’images, construisons l’avenir !
L’Archipel des lucioles, en tant qu’association qui porte la mission de coordination nationale du dispositif Passeurs d’images, alerte sur la situation financière inquiétante que connaît le dispositif et lui apporte son soutien.
"Depuis plus de trente ans, Passeurs d’images incarne une ambition forte : faire de l’éducation aux images une action culturelle de proximité, ancrée dans les territoires, tournée vers tous les publics, et notamment ceux les plus éloignés de l’offre culturelle. Ce dispositif national, reconnu pour sa capacité à fédérer un large réseau d’acteur·ices – artistes, associations, médiateur·ices, éducateur·ices, structures sociales, culturelles et cinématographiques – offre chaque année à des milliers de jeunes des espaces de rencontre, d’apprentissage et de création autour des images. Il permet de découvrir le cinéma autrement, d’interroger les représentations, d’aiguiser l’esprit critique, de prendre la parole à travers des ateliers, projections, créations collectives. Il donne accès à une pratique artistique exigeante, dans une logique d’inclusion, de co-construction et de continuité.
Aujourd’hui pourtant, ce dispositif structurant est gravement fragilisé.
En 2025, dans un contexte de réduction générale des budgets alloués à la culture, Passeurs d’images subit des coupes budgétaires importantes, aussi bien au niveau national que régional. Le ministère de la Culture a annoncé une baisse d’environ 20 % des subventions, impactant directement les services déconcentrés ainsi que les dynamiques régionales et locales. Dans plusieurs régions, les soutiens octroyés par les DRAC baissent de 10 % à 40 %, menaçant la viabilité des projets et fragilisant les coordinations. Également, sur certains territoires, les financements attribués par les collectivités territoriales, conseils régionaux et départementaux baissent aussi drastiquement, allant parfois jusqu’à la suppression totale et sans condition. Pour d’autres coordinations, la généralisation d’appels à projets ponctuels fragilise la capacité des structures à se projeter, à stabiliser leurs équipes et à tisser un lien durable avec les publics.
Les conséquences sont immédiates : projets suspendus, actions annulées, nombre d’heures d’intervention artistique auprès des publics réduit, collaborations et partenariats fragilisés, artistes précarisé·es. Le travail opéré par les coordinations régionales se trouve en grande difficulté : réduction des moyens humains et des budgets d’activités, missions d’animation du réseau local mises en péril, formations, rencontres régionales et rencontres jeunes annulées.
Ce sont des années de travail patient et enraciné, de maillage territorial, qui risquent de s’effondrer, alors même que les besoins n’ont jamais été aussi criants. Car les publics, eux, sont là. Les envies d’expression, de création, de réflexion sont vives. Dans les quartiers, en zones rurales, dans les centres sociaux, les cinémas, ou encore en milieu pénitentiaire, Passeurs d’images agit comme un levier de transformation. Il permet d’ouvrir des perspectives, de faire émerger des récits singuliers, de construire une culture commune. Il est un rempart contre l’isolement, un espace de partage, un outil de justice sociale et culturelle.
Dans un monde saturé d’images, l’éducation aux images est une urgence. Nous vivons une époque où l’omniprésence des écrans transforme les modes de communication, d’information et de socialisation. Former les jeunes à lire les images, à comprendre leurs enjeux, à produire à leur tour des récits visuels devient une nécessité citoyenne, au même titre que l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture. Passeurs d’images répond à cet enjeu de manière concrète, accessible et engagée.
Ce que nous défendons ici, ce n’est pas seulement un budget. C’est une vision. Celle d’une culture qui n’est pas réservée à quelques-uns, mais qui irrigue les territoires. D’une action publique qui accompagne, soutient, fait confiance. D’une société où chacun·e, quel que soit son lieu de vie, peut accéder à une éducation artistique exigeante, se reconnaître dans les récits proposés, en créer de nouveaux.
C’est pourquoi nous appelons à un réengagement clair, fort et durable de l’ensemble des partenaires publics : ministère de la Culture, Drac, collectivités territoriales, agences d’État. Il est encore temps de consolider ce qui fonctionne, d’amplifier ce qui rassemble, de valoriser ce qui transforme.
Sans un réengagement politique et financier fort, c’est tout un réseau d’éducation aux images qui risque de s’effondrer. Car Passeurs d’images, c’est chaque année plus de 120 000 personnes investies dans des projets d’éducation aux images. Plus de 2 500 actions proposées aux publics et notamment aux jeunes, allant des ateliers de création aux séances en plein air et aux projections-rencontres en salle de cinéma. C’est aussi un lien avec les territoires qui s’incarne dans l’engagement du champ social, avec plus de 415 structures relais investies dans la médiation et l’accompagnement des publics, au plus près de leurs réalités. En tout, ce sont environ 1 200 partenaires qui oeuvrent chaque année collectivement pour faire vivre Passeurs d’images à l’échelle locale et nationale.
Nous nous adressons donc aussi à toutes celles et ceux qui font vivre Passeurs d’images au quotidien – coordinateur·rices, artistes, médiateur·ices, éducateur·ices – pour affirmer que leur travail a du sens, de la valeur, et qu’il mérite reconnaissance, stabilité et moyens pour se déployer pleinement.
Le futur de l’éducation aux images ne peut pas se construire dans l’incertitude et la précarité. Il se bâtit dans la durée, la coopération et l’audace.
Soutenons Passeurs d’images. Renforçons les dynamiques locales. Affirmons ensemble que la culture est un droit, pas un privilège. Et qu’elle commence par l’image.
Mobilisons-nous. Signons. Relayons. Soutenons. Engageons-nous. Pour que Passeurs d’images vive, et que l’éducation aux images reste un bien commun."