1881, centre de l’Afrique nouvellement « découverte ». Embarquement immédiat sur le vapeur Diata. Votre mission : évangéliser les sauvages (anthropophages, idolâtres, oisifs) qui pullulent sur les rives du fleuve Congo.

L’Afrique comme si vous y étiez ; à la fin du XIXe siècle.

Il s'agit de lancer un frêle navire sur un fleuve inconnu, sur un fleuve au courant impétueux, dont les rives sont habitées par des peuplades farouches et anthropophages, dont les profondeurs regorgent de tout ce que la faune tropicale a pu produire de plus grand et de plus monstrueux.

Il s’agit d’apporter la parole divine dans ces contrées sauvages.

Chère lectrice, cher lecteur, vous assisterez à la lutte de la civilisation contre la barbarie, du commerce contre la paresse des naturels, du christianisme contre le paganisme. Vous y verrez des églises, des factoreries, des flottilles, vous marcherez sur les traces de Stanley, l’explorateur colonialiste anglais et... beaucoup d'autres choses encore ! Tout cela en bateau…

Notre héros et notre guide est un charmant petit bateau, » coursier fringant, il est impatient de dévorer l'espace et semble délier les tornades les plus impétueuses du Congo. »

Raconté comme une aventure magnifique à destination de la jeunesse, l’histoire du Diata parait anodine, touchante voir émouvante.

Mais que ne l’on se trompe pas : « Malgré ses petites dimensions, c'est un navire de guerre, détaché de la grande escadre de l'Église, et lancé contre les places fortes du Démon de l'Afrique centrale. »

Au-delà du comique de situation il s’agit d’une entreprise civilisatrice de grande ampleur. Au bout du compte se sont des centaines de milliers de « nègres » qui vont en faire les frais. On peut pour en savoir plus sur cette période lire les premiers chapitres de Congo, une histoire de David Van Reybrouk, paru en 2012 aux éditions Actes Sud et disponible en poche aux éditions Babel : le constat est édifiant.

Rédacteur
Bruno Essard-Budail