Alors que cinq maisons d’édition du territoire célèbrent cette année leur anniversaire, ALCA vous propose chaque semaine de courts entretiens avec leurs directeurs ou directrices. L’occasion de mettre en lumière la diversité et la vitalité de leurs projets éditoriaux. Rencontre avec Alice Tardien, qui dirige avec ses parents, les éditions Fanlac, implantées à Montignac (24).
Quelle est la genèse de votre structure éditoriale ?
Alice Tardien : C’est une très longue histoire puisque la maison existe depuis 1943. Son histoire suit celle de l’édition française. Mon grand-père l’a créée à Périgueux pendant la seconde guerre mondiale, il était résistant et a notamment participé à l’impression de tracts ou de faux papiers. Après avoir revendu l’imprimerie à ses ouvriers, il s’est concentré à partir des années 80 sur son activité d’éditeur mais aussi d’auteur. Mes parents l’ont rejoint en 1984 et depuis 2017, j’y travaille aussi. Ensemble, nous avons aussi lancé une collection de romans policiers et un album jeunesse, à partir des contes écrits par mon grand-père.
Que représente pour vous cet anniversaire ?
A. T : Lorsqu’on se plonge dans notre catalogue, qui compte aujourd’hui une centaine de titres, on ressent une certaine fierté face au chemin accompli. Quatre-vingts ans, c’est impressionnant mais en même temps, ce n’est pas la fin de vie, bien au contraire ! Même si notre structure fait partie intégrante du patrimoine et du matrimoine de notre territoire, elle n’est pas figée. C’est ce que nous voulons mettre en lumière grâce à plusieurs événements cette année. Début mai nous publierons un catalogue retraçant l’aventure éditoriale de la maison qui sera aussi à l’honneur de Livre en fête à Champcevinel (17 et 18 juin) grâce à une exposition. Nous avons par ailleurs décidé d’organiser une journée portes ouvertes dans nos locaux le 8 juillet qui réunira tout l’écosystème de la maison. A l’automne, s’ouvrira aussi une collaboration avec la médiathèque Pierre Fanlac – du nom de mon grand-père - à Périgueux. Elle a beaucoup d’importance à nos yeux parce qu’elle conjugue passé, présent et futur avec une exposition mais aussi des interventions d’auteurs et d'autrices de notre catalogue.
Quelles sont vos ambitions ou projets pour les années à venir ?
A. T : Il est important pour nous d’arriver à maintenir l’équilibre de notre ligne éditoriale que je compte bien perpétuer lorsque je reprendrai moi-même, un jour, les rênes de la maison. A la croisée de notre intérêt pour le territoire et pour la poésie, on va par exemple bientôt publier un texte en prose du poète américain William Stanley Merwin qui a écrit sur le Causse. On souhaiterait aussi intensifier nos relations avec les habitants de la région, en développant notamment la médiation avec les scolaires. L’édition traverse une période de défis, entre autres économiques, et on tente de s’y adapter. Jusqu’alors on s’occupait seuls, avec mes parents, de la diffusion-distribution. Depuis peu, on a entamé un travail avec un agent commercial qui nous aide à porter les livres en librairie plus facilement. Et à gagner en visibilité, ce qui est essentiel lorsqu’on est un éditeur indépendant en région…
