La bibliothèque de Royan (17) possède un beau manuscrit agrémenté de nombreuses photographies en noir et blanc : Voyage en Extrême-Orient et souvenirs du Tonkin par Georges Grison. L’auteur de ce document et son éditeur (Aubanel Père) avaient lancé une souscription et une annonce de parution. L’ouvrage biographique narre la vie trépidante du fonctionnaire colonial en Cochinchine au début du XX^e siècle.

Malheureusement la parution du livre était prévue pour septembre 1939.

En se lançant dans des recherches (pour l’instant peu fructueuses), un homonyme est apparu : un certain 6 mars 1841 naissait à Saintes (17) un autre Georges Grison.
Comme la grande majorité des aspirants écrivains de cette époque, il "monte" à Paris et fait ses débuts comme journaliste au Figaro, à Gil Blas, ou encore à L'Écho de Paris.

Auteur de nombreux ouvrages documentaires riches et bien conçus., il a également publié des pièces de théâtre (dont une pièce antidreyfusarde), ainsi que des romans policiers et sentimentaux.
Il écrit beaucoup. Comme un grand nombre ce ses contemporains. Pour la région Nouvelle-Aquitaine, on peut citer Jules Claretie, René Pujol ou encore Jules de Gastyne ou Camille Debans et comme c’est le cas pour la littérature dite "populaire", leurs œuvres sont peu ou pas du tout conservées dans les bibliothèques de la région.

De multiples raisons sont évoquées : fragilité des supports car les ouvrages sont souvent imprimés sur du mauvais papier, littérature peu considérée donc non conservée, ou tout simplement des politiques d’acquisition excluant ce type de livre ; mauvais genre ! On retrouve d’ailleurs le même phénomène après la Guerre 39-45 : pas de livres de gare dans les bibliothèques. Exit donc polars, S-F, romans d’amour, érotiques, roman de guerre, BD...

Il y a certes, bien heureusement, des exceptions (Noël Santon à Saint-Jean-d’Angély (17), Pierre Frondaie à Arcachon (33), de beaux volumes des éditions Ferenczi et fils à Nérac (47)).

Mais revenons à Georges Grison.

Il publie en 1882 aux éditions Ramsay Paris horrible & Paris original, qui le lance dans l’arène.
Puis viendront divers romans dont L'Ami du commissaire aux éditions Ernest Kolb en 1889.
C’est dans ce roman policier qu’apparait sans doute pour la première fois le fameux "Il n'y a pas d'heure pour les braves", occurrence qui dans l’ouvrage se poursuit par : " ... et pour la police non plus".

Dans Margot la vampire, il évoque le pouvoir de manipulation, la lâcheté puis le rachat et bien sûr la victoire de l’amour. Le tout empaqueté dans un (presque) huis clos dans un château de la verdoyante campagne angoumoisine (16) mêlé d’intrigues et de rebondissements.

Mais à lire entre les lignes, on distingue aussi le vent des injustices : "…il chassa brutalement de son foyer les deux malheureuses. Il jeta sur le pavé la mère et la fille !", et plus loin : "…vous placée au plus haut rang, honorée, adulée, moi au bas de l’échelle, méprisée, même de ceux qui me flattent et m’admirent en attendant qu’ils me repoussent du pied".