Si Anton Tchekhov a rencontré un large public en France c’est en grande partie grâce à Denis Roche, son traducteur.

Un comte alcoolique et déchu revient au village après une longue absence. Il retrouve son ami, un juge d'instruction cynique et débauché. Tous deux s'éprennent d'une jeune fille en rouge rencontrée dans la forêt.

Unique roman policier de Tchekhov, Un drame à la chasse fût publié en feuilleton entre 1884 et 1885, puis tomba dans l’oubli.

D’Anton Tchekhov (1860-1904) on dira simplement que c’est un dramaturge russe très connu et auteur de très nombreuses nouvelles qui font de lui le maître incontesté du genre.

C’est là qu’entre en scène Denis Roche.

Car sans lui point de Tchekhov en France.

Né le 2 juin 1868 à Oradour-sur-Vayres près de Limoges et mort le 1^er août 1951 à Lauris, Denis Roche était un écrivain et surtout un traducteur.

Fils d'avocat, il fit des études de droit. Il fut amené par des amis à s'intéresser à la langue russe. Au tournant du siècle, il fit un premier voyage à Saint-Pétersbourg, qui lui permit de nouer des amitiés avec des personnalités de l'époque. Il traduisit de nombreux écrivains (dont Ivan Chmeliov, Nikolaï Leskov, Nicolas Gogol, Vladimir Nabokov et surtout Anton Tchekhov qu'il contribua à faire connaître en France. L’Académie française lui décerna le prix Langlois en 1928 pour la traduction de Voisins d’Anton Tchekhov. Il s'intéressa également beaucoup à la peinture russe, à laquelle il consacra plusieurs monographies et signa plusieurs ouvrages dont La Vie du Dr Haas, un bienfaiteur des prisonniers en Russie (1780-1853), en 1902, Contes limousins recueillis dans l'arrondissement de Rochechouart, texte patois et texte français, en 1909 ou « On raccommode tout à Paris », scabreuse légende franco-russe, en français « de Nijni-Novgorod » ou en bon style de traduction tel que le chérissent nos revues, nos journaux et nos éditeurs, en (1903)

Mais il excelle surtout dans le domaine de la traduction.

Anton Tchekhov le considérait comme son traducteur privilégier.

Sur son travail de traducteur, qui s’efface comme souvent derrière l’œuvre, il tenait à préciser dans une courte introduction à la parution française (1936) : « Comme Un drame à la chasse n’a pas été revu par l’auteur, et relève, dans les descriptions, d’un style différent de celui dont Tchekhov a donné la théorie célèbre dans un passage de la Mouette, nous avons cru pouvoir supprimer quelques répétitions, causées par le besoin de réveiller le souvenir des lecteurs des feuilletons intermittents des Nôvosti Dnia en leur fournissant un résumé de l’action, et pouvoir — exceptionnellement — alléger certaines descriptions. Nous avons également un peu raccourci le début de l’introduction.

Le lecteur verra bien cependant que nous n’avons rien enlevé à l’ampleur, à la verdeur et à la densité du récit. »

Sur ce texte de jeunesse (dont Emil Loteanu tournera un long métrage remarqué au festival de Cannes en 1978) ou retiendra en particulier que c’est une « parodie, mais parodie sérieuse du roman policier noir, utilisant les ressorts de l'intrigue pour tracer, scène après scène, les étapes d'une perdition qui est celle de la Russie autant que celle des personnages, Un drame à la chasse ne préfigure pas seulement les grandes œuvres de Tchekhov, mais le siècle à venir. »

Sources : Denis Roche –  Wikipédia