Eugène Fromentin est né le 24 octobre 1820 à La Rochelle. Pour poursuivrer la tradition familiale, il devait s'orienter vers le barreau ; il sera peintre et écrivain.

Les bédéistes Néna & Witko évoquent avec humour son histoire : "Entre les peintures de fermettes charentaises et les paysages lumineux du Maghreb, entre le roman Dominique qui décortique le sentiment amoureux et ses carnets de voyage qui flirtent avec l'anthropologie, transparaît la figure d'un personnage riche, ouvert, partagé entre l'intime et le grandiose."

Surtout connu aujourd’hui pour son roman Dominique, un des plus remarquables romans autobiographiques du XIX^e siècle (Il repose d’ailleurs au cimetière de la ville de Saint-Maurice ― aujourd’hui quartier de La Rochelle ― non loin de la jeune femme qui lui a inspiré son roman), il se passionne pour l’Algérie où il fera plusieurs voyages qui inspireront son œuvre picturale et littéraire.

En plus de centaines de croquis, il rapportede ses voyages des récits : Un été au Sahara qui le fait élire membre correspondant de l'Académie des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle. En 1856, encouragé par les critiques élogieuses, il entreprend la rédaction de Une année dans le Sahel que publie d'abord L'Artiste en intitulant sa première partie "Alger, fragments d'un journal de voyage". La Revue des deux Mondes reprend la publication de novembre à décembre 1858 sous le titre Une année dans le Sahel, journal d'un absent.

Loué par Charles Baudelaire et Alexandre Dumas (Ce livre est un poème de l’Afrique), l’ouvrage fait la part belle aux traditions et paysages du pays. Il propose l’idée que malgré 130 ans de présence en Algérie, les français n'ont pu s'unir aux algériens : "Pour nous, vivre, c'est nous modifier ; pour les Arabes, exister, c'est durer. N'y eût-il entre les deux peuples que cette différence, c'en serait assez pour les empêcher de se comprendre".

Ernest Brard, en 1902, a publié un petit ouvrage sur Eugène Fromentin, il commence ainsi :

"De toutes les figures que j'ai rencontrées dans mon existence, déjà longue, aucune ne m'a plus vivement impressionné que celle d'Eugène Fromentin.

—  "Cet être d'art et de sentiment" ainsi que l'avait si justement caractérisé George Sand, portait, en effet, inscrites sur son visage les éminentes qualités de son âme ; et quiconque avait vu une fois cette belle tête d'artiste, fine et expressive, ne pouvait plus l'oublier. "