Contre la torture
Pierre-Henri Simon fut l'un des premiers à dénoncer le scandale de la torture pendant la guerre d’Algérie dans un ouvrage retentissant paru en 1957 : Contre la torture.
Cependant, l’acte de l'écrivain n’est pas sans efficacité et sans noblesse s’il peut, ayant recueilli le cri solennel d’un petit gardien de chèvres en qui l’humanité fut offensée, l’aider à monter vers les étoiles, à franchir la mer, à réveiller l’Homme — à réveiller la France.
Pierre-Henri Simon est né le 16 janvier 1903 à Saint-Fort-sur-Gironde. Il fut à la fois un intellectuel engagé, historien de la littérature, essayiste, romancier, poète, critique littéraire. Fils de notaire, Pierre-Henri Simon, après des études de lettres supérieures à Louis-le-Grand, entra à l'École normale supérieure en 1923. Il devait se lier rue d'Ulm avec Henri Guillemin, Jean Guitton et Georges Izard.
Professeur aux lycées de Saint-Quentin et de Chartres, il fut nommé en 1928 à la chaire de littérature française de l'université catholique de Lille.
Prisonnier le temps de la guerre 39-45, il devait par la suite choisir d'enseigner à l'étranger, d'abord à l'École des hautes études de Gand, puis, de 1949 à 1963, à la faculté de lettres de Fribourg.
En 1961 enfin, il était appelé par Hubert Beuve-Méry pour tenir le feuilleton littéraire du journal Le Monde. Pierre-Henri Simon a été élu à l'Académie française le 10 novembre 1966.
Révolté, pendant la guerre d'Algérie, par les méthodes des militaires français contre les "terroristes" algériens, il publia en 1957 son célèbre essai : Contre la torture, dont le retentissement fut large.
Michel Legris dans Le Monde (1957) le présente ainsi : "Le courageux petit livre de cent vingt-cinq pages de M. P.-H. Simon réunit une 'gerbe de faits' qui, dit-il, 'obsèdent' sa conscience de Français. Formé aux méthodes historiques, l'auteur assure n'avoir aucun doute sur l'authenticité des témoignages qu'il cite. Aucune passion politique d'autre part ne l'anime. Officier de réserve, il n'est nullement antimilitariste et demeure partisan du maintien de liens étroits entre l'Algérie et la France. Mais il est Français, chrétien, et son être entier se révolte en face de certaines méthodes."
Les accusations de Pierre-Henri Simon portant sur des pratiques détestables, courantes et couvertes par les plus hautes autorités de l’armée en Algérie, se révèlent sans failles et se voient confirmées par de nombreux témoignages dont se fait écho la presse parisienne. Malgré tout, sa vie durant, Pierre-Henri Simon restera victime d’une hostilité souvent violente en provenance de nostalgiques d’une image intacte de l’armée (bousculades, crachats, on ira même jusqu’à profaner sa tombe…).
Dans ce pamphlet, sans fondamentalement remettre en cause ce qu’il reconnaît pourtant comme une guerre coloniale qui permettrait "le développement civilisateur" de la France, il s’insurge et dénonce les actes inhumains perpétrés comme la torture sous toutes ses formes.
Avec courage, confiant en sa foi chrétienne, il fait partie de ceux qui, en dénonçant de telles ignominies, tout comme Henri Alleg avec La Question (1958) ou Benoist Rey avec Les Égorgeurs (1961), ont permis de poser le débat sur la place publique, permettant (ou obligeant) les gouvernants à revoir leurs positions.
Parier pour l'humain
Une exposition organisée par l'académie de Saintonge célèbre les 50 ans de la disparition de Pierre-Henri Simon. Elle est visible en Charente-Maritime (Saintes, Jonzac et La Rochelle) de juin à novembre 2023.