"Le Règne animal" – fiche pédagogique interactive
Cette fiche interactive, à destination des enseignants inscrits au dispositif Lycéens et apprentis au cinéma, est conçue pour être vidéo-projetée en classe à partir d'un ordinateur connecté à Internet. Elle constitue un outil de travail sur le film pour enseignants et élèves proposant un parcours sur l'esthétique du film à partir de points thématiques et d'analyses de séquences en ligne et des supports multimédia destinés à l'animation de la séance.
Les extraits analysés sont téléchargeables en .mp4 en amont de la séance pour les établissements ne disposant pas d'une connexion Internet stable.
Le Règne animal de Thomas Cailley
Fiction / Production : Nord-Ouest Films, Artémis Production / Distribution : Studio Canal France / 2023 / 128 min
Soutien à la production de la Région Nouvelle-Aquitaine et des Départements de la Gironde, des Landes, et de Lot-et-Garonne, en partenariat avec le CNC et accompagné par ALCA, Gironde Tournages, les bureaux d’accueil des tournages 40 et 47 et Ciné Passion en Périgord.
Scénario : Thomas Cailley, Pauline Munier / Montage : Lilian Corbeille / Image : David Cailley / Décor : Julia Lemaire / Effets spéciaux : Jean-Christophe Spadaccini, Frédéric Laine, Pascal Molina / Musique originale : Andrea Laszlo de Simone / Son : Fabrice Osinski
Interprétation
François : Romain Duris / Julia : Adèle Exarchopoulos / Émile : Paul Kircher / Fix : Tom Mercier
Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce mal mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d’un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.
Préparation à la séance
Après des études à Science-Po Bordeaux puis en école de commerce, Thomas Cailley décide d’embrasser une carrière de cinéaste et intègre en 2007 la célèbre école de cinéma La Fémis.
Au cours de ses études à La Fémis, il est amené à écrire plusieurs scénarios de long métrage, dont son travail de fin d'études : le scénario des Combattants, co-écrit avec Claude Le Pape. Il réalise son premier long métrage en 2014, Les Combattants, avec Adèle Haenel et Kévin Azaïs dans les rôles principaux, qui reçoit un accueil dithyrambique, et une sélection à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2014. Film qui était sélectionné dans la programmation de Lycéens et apprentis au cinéma en 2016-2017 dans l’Académie de Poitiers.
En 2019, alors qu’il participe à un jury de lecture à La Fémis, sa curiosité est piquée par le scénario d’une élève, Pauline Munier . A la recherche du sujet de son deuxième long-métrage, le cinéaste propose à l’apprenti-scénariste de reprendre en collaboration l’écriture de son scénario, pour ensuite le réaliser lui-même. L’histoire ? Du jour au lendemain, des humains se transforment en développant des traits et des tempéraments d’animaux…
En 2023, sort alors en salle son deuxième long métrage Le Règne animal, film fantastique tourné en Nouvelle-Aquitaine. Il est présenté à l'ouverture de la sélection Un certain regard du festival de Cannes 2023, et reçoit cinq Césars en février 2024 : ceux du meilleurs costumes, du meilleur son, des meilleurs effets visuels, de la meilleure musique originale et de la meilleure photographie.
>> Analyse séquence 1 : Voir l'extraordinaire
En mêlant le récit d’éducation au conte fantastique, Le Règne animal hybride deux genres filmiques tournant autour d’un seul sujet : la reconnaissance de l’altérité par l’expérience de son autonomie personnelle. Cette reconnaissance se fait donc à partir d’un point de vue unique, celui du jeune Émile, qui doit prendre la mesure des transformations de son corps et de son esprit pour comprendre ce qui arrive à sa mère. Le film pose ainsi d’emblée la mutation comme une énigme qui traverse le regard interrogatif d’un adolescent. Face à l’éloignement inévitable de sa mère, Émile balance entre la crainte de sa différence et la persistance de son lien affectif.
La deuxième séquence du film vise donc à nous faire adopter d’emblée ce point de vue contrasté.
Pistes d’analyse :
- les procédés d’hybridation du fantastique et du réalisme ;
- la dynamique familiale à travers le découpage et le jeu de regards ;
- la relation d’Émile à la transformation de sa mère.
Vidéo – extrait 1 commenté
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Questions aux élèves
- Comment est filmé le visage d'Émile, avec quelle intention ?
- Que nous montre le réalisateur des créatures ?
- Y a-t-il un changement de lumière dans la séquence ?
>> Analyse de séquence 2 : Rencontrer l'autre
Si le film adopte le point de vue d’Émile dans sa construction narrative et sa mise en scène, le personnage de son père n’en demeure pas moins capital pour orienter le regard du spectateur sur les créatures. François se trouve ainsi au croisement de deux attributs : il est à la fois l’éducateur rigoureux de son fils en même temps qu’un avocat de l’émancipation individuelle. Comment marier ces deux traits opposés ? C’est donc par son propre apprentissage de l’altérité que François chemine dans ses réflexions.
Pistes d’analyse :
- Ambivalence du regard sur la condition animale, entre forme de vie consciente et nourriture ;
- Opposition entre ordre et liberté par le découpage d’une scène d’action ;
- Importance du regard dans la rencontre entre humain et mutant.
Vidéo – extrait 2 commenté
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Questions aux élèves
- Comment le réalisateur dispose-t-il dans les plans les personnages de François et Julia ? Avec quelle intention ?
- À quels moments la nourriture est-elle montrée ?
- De quelle manière sont filmées les deux créatures dans la séquence ?
>> Analyse de séquence 3 : Renaissance
Les premières séquences du film ont installé le personnage d’Émile au centre de son récit. Son aventure personnelle lie dans un même mouvement l’acceptation de sa transformation animale et la perspective de retrouver sa mère. Ce que laissait entendre le film jusqu’ici devient donc enfin explicite : le parcours émotionnel d’Émile se traduit par un cheminement spatial, où chaque décor fait écho à un apprentissage. Ainsi, après avoir été chassé par les humains comme un gibier, la mue du garçon doit recevoir l’adoubement du monde animal. Il lui faut passer du rejet à l’intégration.
Pistes d’analyse
- Les signes d’une inclusion au monde animal
- La nature filmée comme une matrice maternelle
- La symbolique d’un accouchement
Vidéo – extrait 3 commenté
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Questions aux élèves
- Comment interviennent les sons de la forêt (ambiance et cris d’animaux) ?
- Recenser les plans qui montrent de l’eau pour en trouver la signification symbolique
- Que nous montre-t-on du corps d’Émile entre le début et la fin de la séquence ?
>> Analyse de séquences comparatives : Devenir son image
La fable du réalisateur Thomas Cailley s’inscrit dans une lignée de films fantastiques profitant de leurs postulats imaginaires pour réfléchir à notre évolution physiologique.
Ces œuvres métaphorisent notre développement biologique naturel en partant d’une mutation extraordinaire et soudaine qui permet de resserrer ce qui se déroule ordinairement de manière progressive. Cette condensation permet d’en explorer les conséquences comportementales et psychiques de manière très expressive.
Chacun de ces films, comme ici Big de Penny Marshall, Spider-Man de Sam Raimi ou encore La Mouche de David Cronenberg contiennent ainsi une séquence au miroir, où le héros découvre, stupéfait, ses altérations physiques. C’est dans un jeu spéculaire entre l’image subjective de soi et le reflet objectif de son corps que se construit alors un nouveau rapport au corps.
Vidéo – extrait 4 commenté
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Questions aux élèves
- Comment est filmé le corps de Tom Hanks dans Big ? Quelle différence avec les autres extraits ?
- Quels autres personnages interviennent dans les quatre extraits ? À quoi servent-ils ?
- Quelle est la différence entre les décors de chaque extrait ? Est-ce que cela correspond aux sentiments des personnages ?
Texte : Guillaume Orignac | Coordination éditoriale : Maëlle Charrier, ALCA Nouvelle-Aquitaine
Contacts
Chargée de projets Éducation aux images en temps scolaire
(académie de Poitiers)
05 49 88 87 03
maelle.charrier[@]alca-nouvelle-aquitaine.fr