Suzanne et le Pacifique est un roman de Jean Giraudoux publié en 1921. On le qualifie souvent de Robinson Crusoé au féminin.

Suzanne et le Pacifique est dédié à sa maîtresse, Suzanne Bolland, qui deviendra sa femme et la mère de son fils : "J’ai commencé un roman. Je devrai vous interviouwer car vous êtes l'héroïne."

Suzanne gagne un voyage autour du monde. Mais le bateau sur lequel elle embarque fait naufrage et elle se retrouve seule survivante sur une île déserte du Pacifique. Elle apprend à y vivre parmi les oiseaux et une flore généreuse avant d'en gagner une autre à la nage, peuplée d'animaux et encore une autre, où se tiennent les dieux. L'épreuve à laquelle est confrontée la jeune fille devient, sous la plume poétique de Giraudoux, un émerveillement qui est celui de l'auteur même, qui considérait que la vie humaine est étroitement liée à celle de la nature et que sa présence est une condition du bonheur. : "J’avais gagné le voyage autour du monde offert par le Sydney Daily à la première de son concours de la meilleure maxime sur l’ennui. 'Si un homme s’ennuie, avais-je écrit à Sydney, excitez-le ; si une femme s’ennuie, retenez-là !' En échange d’un conseil aussi utile pour elle l’Australie m’appelait, et malgré mon tuteur je partis."

Comme le raconte Didier Lafargue (in temporel, 2014) "C’est à l’occasion de son engagement dans la Première Guerre mondiale que naquit dans l’esprit de Jean Giraudoux l’idée d’écrire Suzanne et le Pacifique, paru en 1921. En effet, soldat au Proche-Orient, l’écrivain connut une période où il fut seul sur une presqu’île. Il en conçut le désir d’écrire un livre racontant l’expérience connue par une jeune femme qui, s’ennuyant dans sa ville de province, partit pour un long voyage en mer à travers le Pacifique."

Suzanne et le Pacifique est conçu comme un récit initiatique, un aller-retour aux origines sur le modèle d’Ulysse – Bellac-Ithaque - de retour de Troie. L’île est un incident de parcours. Un détour. Une parenthèse enchantée qui préserve l’héroïne des affres et désastres qui secouent la France chérie, l’Europe.

Plan du manuscrit de Suzanne et le Pacifique

"C’est aussi, comme le note le site Robinsons un temps pour soi. Sortir de l’enfance. Puiser dans son jardin secret l’imaginaire pour ré-enchanter le monde. Trouver l’équilibre entre des sentiments contraires. Retrouver le désir de l’Autre après une saine solitude. Sans naïveté toutefois car la condition humaine est accablante.

Suzanne s’arrache à cet Eden soporifique, à l’hédonisme païen, comme Ulysse autrefois à la magie de Calypso, rongé par la nostalgie de sa terre natale. À l’éternité, à l’harmonie de cette île bien trop sereine, elle préfère un monde qu’elle sait sans concession. Mais elle rayonne désormais ! Elle est prête. Mature."

Ne dit-elle pas : "Accorde-toi une belle journée et ne t'en lasse point" ?