On connaît les fondateurs des journaux satiriques Charlie Hebdo, Hara-Kiri pour de bonnes raisons (succès des romans de Cavanna, des BD de Reiser, des vidéos du professeur Choron) et pour de moins bonnes (assassinat de Cabu et de Wolinski lors de l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015). Il manque un nom à cette liste, Gébé. Georges Blondeaux (dit Gébé) est, de toute cette bande celui qu’on a le plus de mal à citer spontanément, le plus oublié du groupe, malgré la (re)publication de certaines de ses œuvres par L’Association et les Cahiers dessinés. Or, ce génial dessinateur et écrivain est l’auteur d’un ouvrage qui a résonné fort lors du confinement de mars 2020, L’AN 01.

Dans cette BD devenue un film culte en 1972, il avait imaginé une société tournant le dos au productivisme, décroissante avant l’heure. Seule différence avec la situation actuelle, c’est un arrêt de la production choisi, accompagné d’une baisse de la consommation volontaire qui était imaginée, pas une chute du PIB subie, non désirée. Pour remettre au goût du jour cette utopie, le film auto-produit Gébé, on arrête tout, on réfléchit… (montage de Pierre Carles) a vu le jour au printemps dernier. Il s’agit d’une vidéo mise en accès libre sur internet, immatérielle donc. Aussi, pour rappeler de manière physique, cette fois-ci, qui était Gébé et son AN 01, une trentaine d’auteurs et de dessinateurs ont contribué à un livre rendant hommage au dessinateur décédé en 2004.