Le "Bloc-notes", "l’œuvre la plus complète pour découvrir Mauriac"
Publié le
28/09/2020
À l'occasion de la sortie en librairie du Bloc-notes de François Mauriac que coéditent les éditions Laffont (collection Bouquins) et Mollat, Jean-Luc Barré, qui signe la préface de l'ouvrage, nous explique l'importance de cette publication.
La collection Bouquins des éditions Laffont, que vous dirigez, édite avec Mollat le Bloc-notes de François Mauriac. Pourquoi éditer cette œuvre de Mauriac plutôt qu’une autre ?
Le Bloc-notes est, avec le roman Un adolescent d’autrefois, la dernière grande œuvre de Mauriac. C’est certainement le texte que l’on retient le plus, une chronique irremplaçable de près de vingt ans de vies politique, nationale, littéraire et personnelle. On fait en quelque sorte le tour de Mauriac en lisant ce Bloc-notes, d’autant qu’il a été écrit avec une grande liberté que l’on ne retrouve pas dans ses autres livres, contraints par la foi ou l’environnement social. Mauriac ici ne se bride pas, il partage ses humeurs et ses réflexions, et se montre parfois assez mordant. En plus d’être l’œuvre la plus complète pour découvrir Mauriac, le Bloc-notes peut se lire au-delà de l’actualité, comme on peut lire Chateaubriand ou Saint-Simon.
Comment est reçue cette édition, par exemple lors de la rencontre organisée à la Librairie Mollat (Bordeaux) le 23 septembre ?
La rencontre organisée à Mollat a réuni de nombreux spectateurs et notamment des jeunes. Des étudiants de Sciences Po, par exemple, sont venus me voir à la suite de la rencontre. Au-delà de l’accueil des Bordelais, l’accueil national est très favorable : je suis régulièrement invité à des émissions pour présenter le livre et de nombreux articles annoncent cette édition comme l’un des événements de cette rentrée littéraire. Cela ne me surprend pas dans la mesure où le Bloc-notes devenait de moins en moins disponible en librairie. Nous permettons ainsi aujourd’hui aux familiers de Mauriac de le retrouver et aux jeunes lecteurs de le découvrir.
Cinquante ans après la mort de Mauriac, retrouve-t-on dans la littérature et dans la presse son ton et son esprit ?
Je ne le crois pas, malheureusement. Du temps de Mauriac, il y avait en France de très grands intellectuels comme Sartre, Camus, Gide ou Mauriac lui-même, ce qui n’est plus le cas de nos jours. Quel intellectuel est aujourd’hui suivi par des centaines de milliers de lecteurs ? Il y avait surtout une liberté d’esprit beaucoup plus forte : Mauriac, au fond, ne s’interdisait rien et, grâce à cet esprit indépendant, a su gagner la confiance de ses lecteurs. Ceux-ci savaient que ses écrits étaient dictés par sa seule confiance et non par un intérêt particulier ou la pression d’un lobby. Si l’on ne retrouve pas d’équivalent aujourd’hui, Mauriac reste un modèle pour bien apprendre à vivre et à penser.