Avec Viande de boucherie, Pierre Loti aborde un aspect peu relaté de la vie maritime : "Cap'taine, on va tuer un bœuf."
Ce court texte de Pierre Loti publié pour la première fois dans La Nouvelle Revue en novembre 1890 fait partie du recueil Le Livre de la pitié et de la mort, édité en juillet 1891 chez Calmann-Lévy.

Dès l’exergue il donne le ton : "À ma mère bien aimée, Je dédie ce livre, Sans crainte, parce que la foi chrétienne lui permet de lire avec sérénité les plus sombres choses."

Viande de boucherie, comme les autres textes de l’ouvrage, est centré sur le deuil et la mort. Texte autobiographique, écrit à la première personne, il relate un épisode de sa vie de marin :  "Le soir dont je parle était triste particulièrement. En mer, il y a beaucoup de ces soirs-là..."

Anecdote de l’existence maritime au XIX^e siècle, où, afin de garantir des vivres frais pour les longues traversées, des troupeaux de bœufs étaient embarqués sur les navires.

Sur Gallica une photo datant de 1914, évoque d’ailleurs le chargement des animaux vivants :

" Cap'taine, on va tuer un bœuf."

Loti, qui fut un ardent défenseur de la condition animale, commente ainsi ce fait de routine culinaire :  "Le diable l’emporte, ce maître commis ! Je le reçus très mal, bien qu’il n’y eût assurément pas de sa faute ; mais en vérité je n’avais pas de chance depuis le commencement de cette traversée-là : toujours pendant mon quart, l’abatage des bœufs."

Donc, c'était le moment de tuer le bœuf.

Entre nécessité alimentaire et empathie pour l’animal Loti ne juge pas : il relate l’abatage mais trouve aussi une « morale » à cette histoire : "Ils mourront aussi tous, va, ceux qui vont te manger demain ; tous, même les plus forts et les plus jeunes."