Avec Béhanzigue, Paul-Jean Toulet nous invite à la poésie, à l’amour (de l’absinthe, des jolies femmes) et à l’humour en noir et blanc...

À la fin de 1920, MM. G. Crès et Cie, éditeurs à Paris, ont mis en vente, au prix de vingt-cinq francs le volume, une édition des Contes de Béhanzigue imprimée par la maison Kundig de Genève et composée de 775 exemplaires, — dont 750 sur velin anglais, — illustrés par Georges de Traz et numérotés. Cette édition ne contenait ni "Choses de Théâtre", ni "Le voyage de tendresse".

Quelques mois plus tard, en 1921, dans sa collection Bibliothèque du Hérisson, et sans illustrations, la librairie Edgar Malfère édite Béhanzigue : contes. C’est cette édition qui a servi pour la version numérique que nous vous proposons.
Paul-Jean Toulet n’est pas un oublié des lettres françaises : il est régulièrement ré-édité (Les éditions Robert Laffont ont ré-édité ses œuvres complètes dans la fameuse collection Bouquins il y a tout juste un an)
Né à Pau le 5 juin 1867 et mort à Guéthary le 6 septembre 1920, est un écrivain et poète français, célèbre pour ses Contrerimes, une forme poétique qu'il a créée.
Il passe sa jeunesse entre la vallée d’Ossau, l’île Maurice où vit son père et c’est à Alger (1888-1889) qu’il publie ses premiers articles.
Il débarque à Paris en1898.
C'est là qu'il se forme véritablement, sous la tutelle de Willy, dont il est l'un des nombreux nègres. La bibliothèque de Pau conserve le manuscrit de L’Élie la fumeuse d’opium publié par Willy en 1911. Toulet travaille beaucoup et se livre à divers excès, dont l'alcool et l'opium. Il collabore à de nombreuses revues. De novembre 1902 à mai 1903, il effectue un voyage qui le mène jusqu'en Indochine : les éditions Nicolas Chaudin ont édité en 2014. Carnet d’Indochine qui raconte ce voyage aller-retour de Marseille à Hanoï, en passant par Colombo, Singapour et Saïgon, où Toulet mêle à ses découvertes exotiques, le paquebot, les escales, les mousmés, les virées en rickshaw, l’opium et les paysages, les considérations d’un dandy qui ne s’en laisse pas compter.

Il publie en 1905 Mon amie Nane, roman d’une demi-mondaine que l’on compara avantageusement à Nana d’Émile Zola.
Il quitte définitivement Paris en 1912 pour s'installer chez sa sœur, à Saint-Loubès, puis à Guéthary, où il se marie. Ses dernières années sont assombries par la maladie. Pendant ce temps, un groupe de jeunes poètes, dont Francis Carco et Tristan Derème, prenant son œuvre en modèle, s'appellent "poètes fantaisistes".

Juste après sa mort parait donc la première édition, incomplète, de Béhanzigue. Toulet y a rassemblé des contes, des nouvelles, autour d’un personnage central et décalé : Ariste-Martial, baron de Béhant, plus connu dans le Tout-Paname sous le sobriquet de Béhanzigue. Et c’est parti pour un bon moment de lecture avec cet hurluberlu, amateur d’absinthe et de jolies femmes, poète sans le sou aux amitiés fidèles. Dérision, humour et fantaisie sont au programme dans ce Paris du début du XXe siècle.

Georges Bernanos évoque son souvenir dans les premiers mots de son premier roman Sous le soleil de Satan (" Voici l'heure du soir, qu'aima P.J Toulet... ") et Jorge Luis Borges voit en lui un auteur impeccable qu’il qualifiait de "plus grand poète français, même si tout le monde l’a oublié".