Clémentine Migliore : "La novella, c'est un concentré d'émotions"
Diplômée d’un master en édition, Clémentine Migliore a créé sa maison d’édition au sein de l’incubateur ALCA. Le temps court, une maison spécialisée dans le format court qu’est la novella, prend ses marques dans le paysage éditorial.
Quelle est l’histoire derrière votre projet et quelle est sa ligne éditoriale aujourd'hui ?
J’ai toujours voulu créer une maison d’édition. Après un master d’édition et de création littéraire à Montréal, j’ai écrit un court texte qui m’a introduit au genre de la novella, ces textes trop longs pour être des nouvelles, trop courts pour s’apparenter au roman. Ce n'est pas un format qui a réellement sa place sur le marché éditorial français alors qu'il présente de nombreux avantages, notamment, sa longueur intermédiaire ! C'est en réalité un bon compromis entre une lecture imposante, celle du "gros pavé", et une lecture plus courte qu'est celle de la nouvelle. La novella est aussi très intéressante en termes de construction de récit, son format permet de creuser les dispositifs de narrations, les thèmes abordés. C'est un concentré d'émotions ! Ce sont les raisons pour lesquelles j'ai décidé de créer un catalogue en faveur de ce format, parce qu'il mérite tout autant de visibilité que le format du roman ou celui de la nouvelle.
Alors, j’ai créé ma structure, Le temps court. Avec évidemment ce jeu de mots entre le temps qui passe, et le format court, qui fait de ma ligne éditoriale ce qu’elle est. Justement, la ligne éditoriale des éditions Le temps court, c'est la novella. Nous recherchons des textes à la frontière des genres, avec des thématiques puissantes, de littérature contemporaine mais aussi des textes audacieux, qui expérimentent la littérature, la mettent à l'épreuve. Nous souhaitons publier à la fois des autrices et des auteurs qui n'ont jamais publié mais aussi des autrices et auteurs confirmés. Pour le moment, nous nous concentrons sur notre collection de novellas françaises mais nous espérons également publier des novellas étrangères dans les prochaines années.
Quel rôle a joué l’incubateur dans votre projet ?
Une fois mon diplôme en poche, j’ai envoyé ma candidature à l’incubateur d’ALCA pour créer ma structure. L'aventure entrepreneuriale peut-être très intimidante, alors j'ai opté pour un accompagnement proposé par des professionnels du livre qui avaient eux aussi la casquette d'entrepreneur. Le fait de se retrouver également dans un groupe d'incubés me semblaient être un atout, notamment pour échanger sur nos problématiques respectives.
L’incubateur est un bon moyen de ne pas se détacher de son rythme de travail. En effet, il nous amène sur certaines pistes de réflexion, comme ce qui se rattache au financement, aux éditions qu’on veut publier, à la diffusion/distribution...
Quand on intègre l’incubateur, beaucoup d’options s’offrent à nous. Mais c’est une réalisation que je considère comme concrète aujourd’hui, après un an et demi de chantier. De plus, c’est un élément moteur que de voir les autres membres de la promotion avancer ; nous avions tous et toutes des niveaux différents en termes de concrétisation des projets.
L’après incubateur, comment ça se passe ?
Deux textes sont à paraître au printemps 2024 et j'en suis très fière. J'ai hâte que les lectrices et les lecteurs puissent les découvrir ! Sur le long terme, il y a encore beaucoup de choses à faire avec le format court. Il y aussi beaucoup de genres à explorer, mais pour le moment, mon but est d’avoir six titres au catalogue. Il nous faut aussi une identité visuelle qui n’est pas encore complètement créée. En attendant ces dernières, un nouvel appel à textes a été lancé fin novembre. Le thème choisi est "Racines" et vous pouvez envoyer vos manuscrits jusqu'au 31 août 2024. Toutes les informations sont à retrouver sur notre site ou notre page Instagram.
Propos recueillis par Flora Ghedjati Reigneau