Le Bord de l’eau fête ses 30 ans
Publié le
12/05/2023
Alors que cinq maisons d’édition du territoire célèbrent cette année leur anniversaire, l’ALCA vous propose une galerie de courts entretiens avec leurs directeurs ou directrices. L’occasion de mettre en lumière la diversité et la vitalité de leurs projets éditoriaux. Jean-Luc Veyssy, qui dirige les éditions Le Bord de l’eau, ancrées à Lormont (33), nous répond.
Jean-Luc Veyssy : Tout est parti, il y a 30 ans, d’une revue littéraire intitulée « Le Bord de l’eau » et créée par Dominique-Emmanuel Blanchard, au bord de la Garonne. Ce nom, qui était censé être provisoire, est finalement devenu celui d’une structure éditoriale. J’ai rejoint très vite l’aventure avant de reprendre la totalité de la maison dans les années 2000. Ancien professeur de philosophie et grand lecteur d’essai, j’ai réorienté la ligne vers les sciences-humaines avec des collections portées notamment par Antoine Spire, Vincent Peillon ou Serge Audier. Aujourd’hui, nous sommes considérés comme un éditeur académique de référence qui revendique son ancrage régional. Avec le temps, nous avons développé deux autres marques : La Muette (Belgique), maison dédiée à l’art contemporain dirigée par Bruno Wajskop, et Spondi, structure d’édition en Corse. Notre ligne éditoriale irrigue aussi trois revues : Mauss créée par Alain Caillé en 1981, Écologie & Politique, qui traite d’écologie et politique et Germinal, créée avec un groupe de jeunes historiens et philosophes autour des questions de socialisme moderne.
J-L. V : On ne se voit pas vieillir alors cet anniversaire est pour nous l’occasion de nous tourner vers ce qu’on a accompli. 30 ans déjà ! Et un catalogue constitué de 1200 titres et d’une trentaine de collections actives. Nous avons décidé de fêter ça avec une journée dédiée qui se tiendra le 19 octobre à Sciences-Pô Bordeaux. Des étudiants et des professeurs issus de notre catalogue participeront à trois tables rondes dont les thématiques font écho à nos engagements éditoriaux. La première, animée par Mazarine Pingeot, interrogera « Les Républiques », la seconde sera dédiée aux « Transitions climatiques et questions sociales » et la troisième, portée par l’historien Timothée Duverger se penchera sur l’ « Anti-utilitarisme en sciences sociales ». Nous organiserons sûrement aussi quelques opérations en librairie à la fin de l’année.
Quels sont vos ambitions et projets pour les années à venir ?
J-L. V : L’essentiel est de pouvoir continuer notre métier d’éditeur, soit transmettre et mettre au jour les idées que développent nos auteurs. Prochainement, nous allons lancer de nouvelles collections. Une première, consacrée à la médecine narrative, avec des textes de philosophes ou professeurs abordant les thèmes de la maladie et des soins palliatifs. C’est une branche de réflexion très développée dans le monde anglo-saxon mais peu en France. Et une seconde qui va s’ouvrir prochainement et qui s’appellera « Le temps des ruptures ». Mon objectif n’est pas d’empiler les collections - certaines s’étiolent naturellement parfois - mais de continuer à développer la maison en favorisant le renouvellement éditorial. Nous allons chercher des auteurs qui sont autant de radars des tendances du monde, des réflexions du moment ou des sujets à venir.
Propos recueillis par Pauline Leduc