Les éditions de La Cerise ont vingt ans !
Publié le
12/05/2023
Alors que cinq maisons d’édition du territoire célèbrent cette année leur anniversaire, ALCA vous propose une galerie de courts entretiens avec leurs directeurs ou directrices. L’occasion de mettre en lumière la diversité et la vitalité de leurs projets éditoriaux. Rencontre avec Guillaume Trouillard, fondateur des éditions de la Cerise, qui fleurissent à Bordeaux (33).
Aux Beaux-Arts d’Angoulême, je faisais partie d’une bande d’amis assez soudée, portée par les mêmes influences et affinités. On a grandi ensemble artistiquement et à la fin de nos études, au moment de nous disperser, j’ai voulu prolonger l’ambiance de ces années créatives . C’est comme ça que sont nés le premier numéro de la revue Clafoutis, sorte de laboratoire dédié au dessin sous toutes ses formes, puis, dans la foulée, la maison bordelaise. Ma démarche était assez insouciante et l’activité a été très artisanale pendant les huit premières années avant d’engager un salarié. Au début, j’ai essentiellement publié mes propres productions et celles de mes camarades de promotion avant que le catalogue s’ouvre peu à peu, à un cercle plus élargi et international. La maison est spécialisée dans la bande dessinée mais je suis attiré par l’aspect pictural, une vision très décloisonnée du genre, avec des dessins qui vont puiser dans d’autres univers graphiques. J’assume de publier peu – 2 à 3 titres par an – et de ne pas chercher à éditer pour éditer.
Malgré des choix éditoriaux qui défient la raison économique, on est toujours en vie et ce n’est pas rien ! Cela confère une forme de légitimité. Mais je crois que si j’étais étudiant aujourd’hui, je ne créerais pas cette structure. A l’époque, on était persuadé – à tort ou à raison - que ce qu’on faisait n’existait pas ailleurs. En 20 ans, le secteur de la BD s’est grandement enrichi et gérer une maison d’édition comme La Cerise relève souvent du parcours du combattant. Alors cet anniversaire est l’occasion d’être fier. Et un prétexte pour mener à bien des projets auxquels je pense depuis longtemps. Onze ans après le dernier numéro, on va enfin sortir le sixième chapitre de Clafoutis dans lequel il y a tout notre ADN. On a aussi prévu de réimprimer et remaquetter des titres du catalogue, d’organiser des rencontres en librairies, des concerts dessinés et des expositions comme celle proposée jusque fin avril à la Maison Fumetti (Nantes) qui présentait des planches originales tirées de plusieurs de nos ouvrages.
Honnêtement, c’est difficile à dire parce que je ne sais pas de quoi demain sera fait. L’année écoulée a été en montagne russe. Avec de bonnes nouvelles comme l’obtention, au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, du Fauve de la révélation pour notre ouvrage Une rainette en automne (et plus encore) de Linnea Sterte. Et des mauvaises telles l’augmentation des coûts et les difficultés qui vont avec. J’espère simplement pouvoir continuer à développer ma double casquette d’auteur/éditeur afin de partager, encore et toujours, un certain type de projets, un peu improbables.
Propos recueillis par Pauline Leduc