Dans la famille "précurseurs du polar", on connaissait le Charentais Émile Gaboriau ; voici le Limougeaud Jules Claretie.

Limoges, 3 décembre 1840. Arsène Arnaud Clarétie, dit Jules Claretie ou Jules Clarétie, voit le jour dans une famille bourgeoise.

Georges Grappe, un de ses tout premiers biographes, insiste sur son enfance partagée entre "L'intérieur familial, confortable sans luxe, heureux plutôt que joyeux, [qui] lui assura une croissance exempte de péripéties bien importantes. Les semaines succédaient aux semaines, partagées entre la première éducation, indulgente et ferme tout à la fois" et les vacances à "Ratevoul, en pleine campagne périgourdine" chez son grand-père.
On retrouve dans Un assassin, sous les traits de l’oncle Germain, le portrait de "Cet attardé du XVIII^e siècle, sans doute sceptique et désabusé, meurtri par la vie, mi-seigneur, mi-bourgeois, comme l'étaient bon nombre de propriétaires ruraux au crépuscule de la monarchie."

Jules l’enfant découvre la nature et se passionne pour les insectes.
Jules l’adolescent découvre la lecture : "J'ai pour la première fois parcouru là le vieux Corneille et cet autre livre, qui m'amusait tant, Les Aventures du Baron de Fæneste de Théodore Agrippa d'Aubigné, dans l'édition d'Amsterdam de 1731."

En 1851 la famille déménage à Paris et Jules est placé au lycée Chaptal : "Ma passion d'écrire était telle dès le jeune âge, que j'avais fondé au collège Chaptal où j'étais élève, un journal manuscrit intitulé l'Abeille, que je rédigeais à moi seul."
Dès lors sa vie ne sera qu’écriture : il publie son premier roman La Revanche des morts à seulement 20 ans.
Jules Claretie collabore à de nombreux journaux, notamment au Figaro et au Temps, sous plusieurs pseudonymes. Il tient la critique théâtrale à L'Opinion nationale, au Soir, à La Presse.

Jules Claretie, littérateur ; estampe de Marcellin Desboutin

Touche à tout, prolifique, il construit un œuvre entre romans sentimentaux (Eliza Mercœur en 1864) et biographies (Molière en 1873) ; historien, il compose entre autres une Histoire de la Révolution de 1870-1871.

Il connait le succès très tôt avec Un assassin (1866), récit d'un "crime mondain" qui devint l'un des grands succès de l'année.

Il publiera tout au long de sa carrière d’autres romans policiers comme Le Petit Jacques (1885) ou L'Impulsion (1912).

Un assassin, entre Paris et le Périgord, nous conte le destin de Robert : de l’enfant timide au meurtrier.
Pourtant, Jules Claretie s’emploie à nous laisser espérer : de la relation du jeune homme avec Renée aux ruptures qu’elle provoque, de l’amour naissant entre Robert et Henriette, de l’entêtement de Renée à reconquérir Robert, il ménage le suspense pour mieux enfoncer le clou.
Sans "divulgâcher" le roman (le titre à lui seul donne le ton), on souhaite que l’inéluctable conclusion ne soit qu’un effet de style, on rêve à une fin heureuse, on souhaite à Robert et Henriette une vie longue et accomplie. Hélas, Renée veille…

Sources : Wikipédia (consulté le 24 mars 2023)
Jules Claretie par Georges Grappe, E. Sansot & C^ie, Paris, 1906 (Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF