"Pour que ça change" : retour sur le tournage d’un clip à l’Erea Anne-Frank de Poitiers
Dans le cadre du Nouveau Festival, événement à destination des lycéens et apprentis de Nouvelle-Aquitaine pour lequel ALCA coordonne les projets vidéo, des élèves de l’Erea (établissement régional d’enseignement adapté) Anne-Frank de Poitiers (86), en collaboration avec Alexis Blithikiotis, réalisateur au sein de la structure La Mouette à 3 Queues, ont tourné les 10 et 11 mai un clip.
Les élèves et leur professeur ont tout d’abord travaillé sur un texte de slam autour du respect de la différence s’inscrivant dans l'élaboration du spectacle de fin d'année de leur établissement. À la suite de la demande des jeunes, la réalisation d’une vidéo ayant pour base leur œuvre écrite a eu lieu au sein même de l’Erea : après deux matinées de tournage, la première consacrée à la prise de vue et la seconde à la pratique du light painting, le montage, toujours en interne, a abouti à un clip présenté au sein de leur l’établissement et lors du Nouveau Festival qui s’est déroulé les 19 et 20 mai. Un second cycle de diffusion pour la presse, le rectorat ainsi que pour des élus locaux qui sont venus à la rencontre des élèves a également eu lieu.
Deux questions à Alexis Blithikiotis, réalisateur et intervenant en éducation à l’image
En quoi consistait le projet ?
"Pour que ça change" est un projet initié par Emmanuel Debiais, enseignant, avec une quinzaine d’élèves de quatrième. Emmanuel a commencé le travail d’écriture d’un texte de slam autour de la thématique de la discrimination et a amené ses élèves dans une démarche de réflexion et de recherche documentaire. Ils ont compris à travers cette dernière qu’il n’y avait pas un mais bien plusieurs types de discriminations. Cela les a conduits, dans leur écriture, à en décrire plusieurs dont les jeunes mais aussi les adultes peuvent être victimes : le racisme, le handicap, l’homophobie, etc.
La première finalité a été d’aboutir au texte qui a été ensuite enregistré à l’espace radio de l’Erea par leur enseignant. Chaque élève a posé sa voix sur une instrumentalisation musicale qu’ils ont choisie. Fort de ce premier aboutissement très positif, l’idée a été de pousser plus loin le projet vers la création d’un clip vidéo mettant en scène leur texte.
Comment avez-vous collaboré avec les jeunes pour mener ce projet à bien ?
Les premières séances ont été dédiées à l’éducation à l’image : il s’agissait de les amener à comprendre ce qu’est une réalisation d’un point de vue technique, économique et artistique à partir de L’Accordeur, court métrage de fiction réalisé par Olivier Treiner, pour lequel j’ai été assistant-réalisateur, récompensé par le César du meilleur court métrage en 2012. J’ai amené les élèves, avec l’appui d’Emmanuel, à se poser les mêmes questions que pour une production professionnelle. Par la suite, chacun a eu des missions spécifiques et les responsabilités qui y sont associées.
Dans un second temps, nous avons préparé le tournage. Ils avaient déjà réfléchi en amont, avec leur enseignant, à un scénario et avaient aussi entamé un dépouillement à la suite du recensement de questionnements concernant la réalisation. La contrainte de cette dernière était de rester dans le périmètre de l’établissement, ce qui était l’occasion pour les élèves de voir leur lieu quotidien d’un autre regard, celui de leur projet. Pour compléter cette étape, je les ai amenés à travailler une de leurs séquences, celle où ils étaient le plus avancés, afin de leur faire saisir le côté technique du tournage et de cette manière faire une répétition générale. Le découpage image était identique d’une séquence à une autre pour qu'au fil du clip le texte garde une place importante à l’écoute.
Entre la phase précédente et le tournage, le Coronavirus est passé par là. Nous nous sommes retrouvés plus d’un mois plus tard : malgré tout ce temps passé, les réflexes étaient là et chacun avait bien retenu ses missions. Le planning de tournage prévu sur deux jours a donc été très efficace : nous avons pu terminer plus tôt que prévu, ce qui nous a laissé le temps de travailler sur le générique en y incluant un nouveau travail de l’image avec du light painting. Enfin, le montage a été assuré par leur enseignant en collaboration avec les élèves. Ils ont su faire preuve de cohésion, d’enthousiasme et d'initiative pour mener à bien leur projet.
Deux questions à Matthieu Enirevec, élève
Comment as-tu contribué à ce projet ?
J’ai participé à ce projet dans l’écriture, comme tous les autres, sur le passage de la "Segpa" mais aussi en étant cadreur, derrière la caméra. Je devais filmer les scènes, régler la caméra, faire l’ajustement, "faire la bulle". J’ai travaillé avec plusieurs autres collègues et je leur ai expliqué comment faire dans l’éventualité où je ne serais pas disponible. Je devais expliquer aux acteurs où se positionner et demander aux réalisateurs de la scène leur validation. Ils attendaient le "moteur", l’"action", le "coupé".
Qu'as-tu ressenti durant le projet ?
C’était bien, c’était drôle. Cela m’a apporté de l’autonomie, de la fierté, de la créativité, de la joie, on a appris des choses qu’on ignorait. On était tous angoissés par rapport au jugement et à la réaction de ceux qui regarderont le clip. On a aimé faire un projet unique et spécial qui nous a valorisés. On a découvert un nouvel univers et des techniques, j’ai même envie d’en faire mon métier plus tard.
Contacts
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stephanie.collignon[@]alca-nouvelle-aquitaine.fr
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(académie de Bordeaux)
05 47 50 10 26
sebastien.gouverneur[@]alca-nouvelle-aquitaine.fr